Un pour tous, tous pour un, chacun pour soi

Comme on le dit souvent à tort, à quelque chose malheur est bon. Cette pandémie catastrophique qui a passé la barre symbolique des 80 000 morts en France est quand même l’occasion pour certains politiques de se pousser du col et se mettre en valeur en laissant entendre avec plus ou moins de subtilité qu’ils feraient mieux que tout le monde si ça ne dépendait que d’eux. C’est le cas du gouvernement, mais aussi de l’opposition. J’en prendrai quelques exemples dans l’actualité récente.

Un des derniers en date, c’est le maire de Perpignan, Louis Aliot, qui vient de décider unilatéralement de rouvrir quatre musées de sa ville en prenant des arrêtés municipaux à cet effet, immédiatement contestés par le préfet, représentant de l’état. Sur le fond, l’argumentation du maire Rassemblement national peut s’entendre, dans la mesure où les précautions d’usage sont prises pour protéger les visiteurs. Mais on voit bien quelles sont les motivations démagogiques qui ont inspiré cette décision. Il n’a fait que suivre l’exemple du maire de Nice, Christian Estrosi, qui a pris l’initiative d’interdire des locations saisonnières dans sa ville pour se poser en protecteur de la santé publique en limitant l’afflux de touristes pendant les vacances. Là aussi, le bien-fondé de la mesure pourrait être débattu. Ce qui est en cause, c’est la remise en question d’une politique nationale qui assure une égalité de traitement sur l’ensemble du territoire, au profit d’une surenchère locale destinée à se faire bien voir de ses électeurs. Dans un domaine un peu différent, la position du maire de Poissy, Karl Olive, me parait aussi choquante. Les aides municipales perçues par les familles de délinquants seront suspendues, voire supprimées, en guise de représailles. Une parfaite illustration de la politique du bâton et de la carotte, dont l’efficacité reste à démontrer, et qui est surtout une rupture de l’égalité garantie par la Constitution à tous les citoyens.

Ce n’est pas la première fois que la pandémie est utilisée par des petits malins pour se faire de la réclame à bon compte. On se souvient de l’épisode de la pénurie de masques qui a été l’occasion pour certains, comme Valérie Pécresse, présidente de la région Ile de France, de se lancer dans une surenchère pour apparaitre comme sauveur de la France et des Français. On a failli assister à un remake pour les tests de dépistage et encore en ce moment pour les vaccins, qui se font cruellement attendre. Ce comportement de charognard qui vise à exploiter les circonstances les plus dramatiques pour en tirer un bénéfice personnel, devrait en toute logique, se retourner contre ceux qui l’adoptent. Mais la politique n’obéit pas souvent à la logique, et le clientélisme a malheureusement encore de beaux jours devant lui.