Pâtisserie administrative

S’il nous reste encore quelques fleurons dans lesquels notre savoir-faire peut être reconnu, c’est bien celui de la gastronomie. Sans mésestimer le moins du monde les cuisines d’autres régions, asiatiques, africaines, etc. et bien que l’avancée de la mal bouffe soit patente y compris dans notre pays, nous avons su conserver des traditions d’excellence et développer des recettes nouvelles qui font toujours notre réputation. Si des pays voisins ont érigé en maxime l’expression « heureux comme Dieu en France », la qualité de notre nourriture y est pour quelque chose. Cependant, nous possédons une spécialité que le monde ne nous envie pas, c’est la richesse et l’abondance de notre administration.

L’urgence et la nécessité de faire face à une épidémie dramatique ont permis de mettre en valeur ce que l’on a coutume d’appeler chez nous le mille-feuille administratif. Je ne reviendrai pas sur la pagaille qui a présidé à l’organisation de la protection des professionnels et du grand public par des masques dont a voulu masquer la pénurie. Elle aura eu l’avantage de démontrer le corollaire inhérent au théorème de la désorganisation publique, celui du système D. Les Français, habitués à devoir se débrouiller plus ou moins tout seuls, ont réussi à produire suffisamment de masques artisanaux pour attendre la relève officielle. Et la cavalerie a fini, heureusement, par arriver. La même plaisanterie s’est renouvelée avec les tests, mais cette fois, malgré les panoplies du petit chimiste distribuées par le père Noël, les Français n’ont pas su analyser le virus sur un coin de table et ont donc dû se tourner vers les laboratoires, débordés par le succès.

Et voilà que le vaccin tant attendu par certains, décrié par d’autres, a fait son apparition, et la bureaucratie française, mais aussi européenne s’est retrouvée une nouvelle fois sous les feux de la rampe, et ma foi, on peut dire qu’elle s’est surpassée. Voyons par exemple le cas des premiers vaccins homologués. Le vaccin de Pfizer a été relativement vite autorisé. Par contre, le deuxième de la course, Moderna, a dû attendre longuement le feu vert de l’Europe, alors que les États-Unis, dont les scientifiques valent bien les nôtres, avaient déjà validé son usage préalablement. Mais le label de l’Union européenne ne suffisait pas et la France a refait ses propres études, probablement similaires à ses prédécesseurs, et vient seulement de décider de le mettre sur le marché. Encore une chance que chaque région, ou chaque département, voire chaque médecin ne recommence pas les vérifications avant de se servir de ce qui apparait comme la meilleure chance de se débarrasser du virus. Le troisième candidat vaccin, par ordre chronologique, celui d’Astra Zeneca, est déjà utilisé massivement au Royaume-Uni, mais attend toujours le verdict de l’Europe, qui semble prendre tout son temps, et il faudra encore que la France refasse les études avant de l’utiliser. Au moment où la pénurie de vaccin menace de devenir la règle, c’est surréaliste.

Commentaires  

#1 jacotte 86 09-01-2021 11:29
c'est surtout très indigeste!!
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