La réalité dépasse la fiction

Et réciproquement…

Ce n’est pas la tentative d’envahissement du Capitole ces jours derniers qui le démentira, vu le nombre de films et récits où cette situation apocalyptique a été évoquée, pas plus que le nombre de récits ou films ayant pour cadre une épidémie décrivant avec plus ou moins de réalisme et d’imagination la pandémie mondiale à laquelle nous sommes confrontés. La liste serait longue, je n’en citerai qu’un prémonitoire rédigé en 1981 « The eyes of darkness » ou l’auteur, Dean Koontz, évoque un curieux virus Wuhan-400…

La réalité, caractère de tout ce qui existe effectivement grâce à notre expérience, s’oppose à la fiction, action de feindre, de jouer. Libérée de la contrainte de prouver ses affirmations, elle fait place à l’imaginaire, à l’anticipation. La fiction permet de voir en se basant sur le présent ce qui peut se passer dans l’avenir !

Souvenons-nous « Du meilleur des mondes » écrit en 1932, supposé se passer en l’an 632 après Henry Ford, support du film de Richard Fleischer en 1974, est un récit prémonitoire qui anticipe sur le développement de la science et l’évolution des sociétés contemporaines : les enfants sont conçus dans des éprouvettes, génétiquement conditionnés en cinq catégories de population, dictature parfaite, gérée par un directeur qui ne fait aucune place à la remise en question, avec une apparence de démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songent pas à s’évader, un système d’esclavage ou les esclaves, les basses classes, subissent et obéissent, conditionnés à la consommation et au divertissement, et aiment leur servitude, inconscients du manque de liberté, une société consommatrice et productiviste, d’où est exclu le gaspillage, privée d’émotions et de sentiments personnels ainsi que d’opinions autonomes…

Souvenons-nous aussi de « soleil vert » film inspiré du livre de Harry Harrison « Make Room ! Make Room ! » Écrit en 1966, dont le récit, supposé se passer en 1999, se déroule dans un New York surpeuplé, 2 millions de chômeurs, privé d’autos et de ressources alimentaires… Seule une classe de riches privilégiés profite des maigres ressources restantes. L’eau potable, la nourriture sont rationnées, toutes les ressources planétaires sont épuisées, c’est le règne du marché noir, on ne compte plus les émeutes d’affamés. Le monde est une vaste poubelle écologique, les femmes sont des objets, la police est omniprésente, et ramasse les manifestants avec des camions-bennes. Morts, ils seront recyclés en nourriture !!!

Ces visions d’un monde cauchemardesque, si elles semblent excessives pour la densité du récit, ne sont pas sans nous rappeler comme un miroir déformant, certaines orientations prises par l’humanité des années après avoir été conçues dans l’imaginaire ! Mélange de réalité et de fiction, par exemple le « dépassement », date au-delà de laquelle la consommation de ressources naturelles de l’humanité excède celle que la planète régénère, a été avancé de trois semaines en 2020 par rapport à 2019.

La fiction, qui ne s’oppose ni à la réalité ni à la vérité, avec des représentations « douteuses* » du réel ne peut servir de base à nos actions, pour anticiper nos erreurs, ou nos excès… dommage !

L’invitée du dimanche

*improuvables