Le grillon du foyer
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 25 janvier 2017 10:26
- Écrit par Claude Séné
Le volatile déchaîné, le Canard, pour ne pas le nommer, a encore frappé. Et qui a-t-il épinglé cette fois-ci ? L’épouse modèle, l’irréprochable Pénélope, celle-là même que chanta Brassens, en faisant rimer son nom avec l’adjectif interlope. On l’a échappé belle, quand on connait le parler cru du troubadour. Jusqu’à présent, la qualité la plus remarquable de l’épouse de l’ancien premier ministre et candidat désigné de la droite, François Fillon, était sa discrétion. Tel le grillon tapi au fond de l’âtre, elle s’appliquait à passer inaperçue dans l’ombre de son époux.
Personne ne soupçonnait le rôle obscur, mais efficace qu’elle jouait auprès de son homme politique de mari, comme en témoigne le salaire qu’elle a perçu pendant 8 ans pour un montant total de plus de 500 000 euros bruts, en qualité d’attachée parlementaire de François Fillon ou de son suppléant. Et quand elle ne s’attachait pas au service de son député, elle collaborait à la Revue des deux mondes, dont le directeur ne se souvient pas l’avoir jamais vue dans ses locaux. De là à imaginer que Pénélope Fillon occupait un emploi fictif, il n’y a qu’un pas que les journalistes du Canard n’ont pas tardé à franchir. Il faut être bien naïf, ou bien arrogant, pour ne pas se rendre compte qu’employer un de ses proches quand on est un personnage public, c’est prêter immédiatement le flanc à des soupçons de favoritisme, pour le moins, ou même d’escroquerie. On se souvient encore du rapport de 36 pages de Xavière Tibéri, l’épouse de l’ancien maire de Paris, truffé de banalités et de fautes d’orthographe, payé 200 000 francs par le département de l’Essonne.
Mais après tout, nous sommes peut-être trop suspicieux. Si le travail de Pénélope Fillon est aussi invisible, c’est probablement parce que, comme son illustre homonyme, elle passait ses nuits à défaire tout son ouvrage minutieusement et patiemment tissé le jour. Que faire de ses journées en effet, quand son Ulysse de banlieue passe son temps à battre la campagne électorale ? sans décrier la Sarthe, les distractions y sont rares, surtout quand on habite un château isolé, peu fréquenté par les ménestrels et les trouvères. Quelle meilleure occupation que la tapisserie aurait pu convenir pour meubler l’attente d’un mari toujours parti par monts et par vaux, guerroyant pour sauver « un pays en état de faillite », affrontant les périls de la politique ou de la course automobile, triomphant d’un moderne Polyphème à l’œil unique, échappant aux sirènes du découragement ? Quel Homère rendra justice à cette Pénélope dans une nouvelle version de l’Énéide ? Cette épopée vaut bien un demi-million, sans doute.
Commentaires
as tu pensé que cette disrète Pénélope pouvait être une espionne envoyée par la perfide Albion pour saper l'Europe?