Le monde selon Trump
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 24 janvier 2017 10:08
- Écrit par Claude Séné
On connaissait déjà la réalité augmentée. C’est une technique qui permet, au moyen de lunettes spéciales, d’ajouter des informations à ce que peut voir en direct un spectateur équipé de ce procédé. Par exemple, dans un musée, elles remplaceront avantageusement un audioguide en renseignant le visiteur sur l’œuvre exposée ou son auteur. Ou bien, dans une ville étrangère, elles apporteront au touriste des informations sur les monuments qu’il peut apercevoir, ou le renseigneront sur les points d’intérêt culturels ou marchands se trouvant à proximité. Tout autre est le monde selon Trump.
Dans ce monde virtuel, la réalité dérangeante peut être avantageusement remplacée par une « réalité » alternative, beaucoup plus conforme aux désirs et aux aspirations du nouveau président des États-Unis qui vient de prendre ses fonctions. C’est ce que le porte-parole officiel de la Maison-Blanche a voulu signifier à propos de l’affluence modeste autour des cérémonies d’investiture de Donald Trump. Selon lui, et en dépit des documents photographiques prouvant le contraire, jamais il n’y avait eu plus grande foule pour assister à l’intronisation d’un président américain. À l’appui de ses déclarations et en guise d’argument, il a ponctué son discours d’un péremptoire « period ! » qui signifie au choix : point final, point barre ou encore « un point, c’est tout ». Évidemment, la simple juxtaposition des clichés pris en 2009 pour l’investiture d’Obama avec ceux de 2017 suffit à démonter l’inexactitude de cette déclaration, pour ne pas dire franchement que c’est un gros bobard, un énorme mensonge, un minable canular, une tentative désespérée de ne pas perdre la face après les désistements massifs des vedettes du show-biz refusant en cascade de glorifier l’accession au pouvoir de ce clown dangereux.
Donald Trump en personne en a remis une couche en accusant tout simplement les médias d’avoir trafiqué les images par pure méchanceté et parce que les journalistes sont ses ennemis. Et une théorie du complot, une. Le monde avait vraiment besoin d’un leader paranoïaque à la tête de la première puissance militaire de la planète. Mais le chef-d’œuvre de communication qui a fait se gondoler la blogosphère tout entière nous est venu de l’ancienne directrice de campagne du nouveau président, reconvertie en conseillère. Nous lui devons l’expression « faits alternatifs », ceux qui permettent de se dispenser de la vérité, de s’affranchir de la réalité et de ses contraintes. En gros, si Donald Trump dit qu’il fait beau, il est inutile de s’encombrer d’un parapluie. L’essentiel c’est que le chef ait raison, dussions-nous attraper une bonne pneumonie après avoir été rincés comme il se doit. Appliquée à la politique internationale, cette position risque de coûter cher aux Américains, mais aussi à nous tous.