Esprit olympique, es-tu là ?

Un coup pour oui, deux coups pour non ! Eh bien, il ne faut pas être pressé ! Déjà trois jours de compétition et le compteur de la France reste désespérément bloqué à une médaille, et encore, elle est en argent quand on l’attendait en or avec le relais quatre fois 100 m en natation. Et ne venez pas me dire que l’important c’est de participer. L’important, c’est que chaque pays puisse se glorifier d’avoir les meilleurs sportifs dans un ou plusieurs domaines, et pour cela tous les moyens sont bons.

Un bon exemple, c’est celui de l’équipe masculine de handball du Qatar, vice-championne du monde, et l’une des favorites du tournoi olympique, alors que la fédération de handball du pays ne compte que quelques centaines de pratiquants. La recette est simple : il suffit de naturaliser des joueurs étrangers, dont l’équipe nationale a moins de chances de gagner ou dans laquelle leur talent est insuffisamment reconnu. Reconnaissons honnêtement que tous les pays pratiquent plus ou moins cette méthode, la France comprise, beaucoup plus généreuse pour accueillir des sportifs de haut niveau que des réfugiés économiques ou même politiques. C’est pourquoi l’on a envie de tirer un coup de chapeau à la judoka kosovare Majlinda Kelmendi, qui a refusé les ponts d’or de plusieurs fédérations prêtes à lui accorder une nouvelle nationalité, pour conquérir la médaille du même métal sur le tatami. Cette constance, malgré les conditions d’entrainement sûrement plus délicates, est tout à son honneur. Seule ombre au tableau, la première championne olympique du Kosovo est fortement soupçonnée de dopage après avoir refusé de se soumettre au contrôle lors d’une compétition en France en juin dernier.

C’est que la tentation est grande, aussi bien sur le plan individuel que sur celui des états, de donner un coup de pouce au destin et de redorer un blason national parfois terni pour servir les intérêts politiques des dirigeants, en particulier ceux des pays organisateurs. Si la délégation russe a été réduite à peau de chagrin à Rio, c’est à la suite de la révélation d’un plan de dopage systématique d’état lors des Jeux de Sotchi. Parmi les nageuses « repêchées », on trouve quand même une suspendue pendant 16 mois en 2014, qui a empoché l’argent sur le 100 m brasse. La moisson de médailles chinoises aux jeux de Pékin a de quoi laisser tout aussi songeur. Les enjeux géostratégiques ont largement pris le pas sur les enjeux sportifs. Il suffit pour s’en convaincre de consulter le tableau des médailles, établi pour départager les pays, et d’écouter les hymnes joués à chaque cérémonie protocolaire.