Conformisme
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 juillet 2016 10:46
- Écrit par Claude Séné
Jusqu’à ce que Nicolas Copernic, médecin et astronome polonais, formule sa théorie de l’héliocentrisme, le monde scientifique rejoignait le commun des mortels en considérant que la Terre était au centre de l’univers et que l’ensemble des corps célestes en mouvement se déplaçait autour d’elle. Après tout, l’observation du soleil ou de la lune, visibles à l’œil nu, corroborait cette théorie par ce que nous appelons désormais un mouvement apparent de lever et de coucher. Copernic va élaborer une théorie selon laquelle c’est le soleil qui est au centre et les planètes, dont la Terre, qui tournent autour de lui. Ce changement de point de vue, qui va bouleverser la science, est connu sous le nom de révolution copernicienne.
Avec l’été et les vacances, nous assistons au retour des mouvements sociaux et la sempiternelle accusation de prise d’otage par les salariés en pleine période estivale. Le raisonnement vaut d’ailleurs également pour les sports d’hiver. Cette fois, ce sont les stewards et les hôtesses qui se sont mis en grève pour demander une prolongation de l’accord d’entreprise avec Air France au-delà des 17 mois prévus, pour une période d’au minimum 5 ans. Le nouveau PDG, nommé depuis moins d’un mois, joue sa partition en qualifiant le mouvement de « regrettable et agressif » et il annonce des pertes qui pourraient mettre en péril l’avenir même de la compagnie. Je voudrais rappeler qu’un Suisse qui parle tout seul fait un monologue, que trois Suisses c’est un catalogue, mais que pour un dialogue, fût-il social, il faut être deux. Si l’enjeu pour la compagnie est aussi crucial que l’annonce Mr Janaillac, on comprend mal qu’il n’engage pas séance tenante une négociation avec les syndicats des personnels navigants commerciaux, plutôt que de laisser pourrir la situation jusqu’à l’expiration de l’accord précédent en octobre prochain.
Dans l’esprit du public et des voyageurs, la seule responsabilité de la grève est supportée par les salariés. C’est oublier un peu vite qu’il s’agit bien souvent de la seule façon de faire entendre leur voix, et qu’ils préféreraient travailler et conserver l’intégralité de leur salaire au lieu de s’user dans des conflits pénibles pour tout le monde. Lorsque j’entends certains voyageurs aisés se plaindre de la gêne occasionnée par les retards ou les reports de leur vol, je me dis qu’il faudrait un changement de mentalité, une véritable révolution copernicienne pour qu’ils prennent conscience que ce ne sont pas forcément les personnels subalternes qui sont responsables de cette situation, et qu’ils fassent pression sur les dirigeants pour qu’ils établissent un véritable dialogue.