Banalisation de l’horrible

Je l’avoue, le chroniqueur se sent bien démuni devant la répétition de ces actes de terrorisme dans le monde entier. Tous les regards étaient tournés vers la France qui semblait la cible prévisible de nouveaux attentats du fait de l’exposition médiatique du championnat européen de football et du Tour de France. Fort heureusement, et pour le moment, il n’en a rien été, sans que l’on puisse affirmer que c’est le résultat d’une vigilance renforcée, ou seulement d’une diversification des objectifs potentiels des terroristes. Cette fois, c’est l’aéroport international d’Istanbul qui a été visé, avec des méthodes rappelant fortement celles utilisées en Belgique en mars dernier.

Et voilà que le Bangladesh a été touché à son tour par une prise d’otages meurtrière revendiquée par l’état islamique, qui vient de se terminer avec l’assaut des forces de l’ordre. On peut, naturellement, à la manière de François Hollande et des principaux dirigeants sur la planète, condamner fermement ces actes de terrorisme, mais cela ne permet pas pour autant de garantir la sécurité des populations sur l’ensemble du monde, civilisé ou non. À l’évidence, le risque est présent partout, même s’il existe des points chauds où il est plus important. Sans faire preuve d’un héroïsme particulier, les personnes ayant échappé à un attentat n’envisagent pas de rester désormais chez elles. La plupart sont plutôt fatalistes et comptent sur leur bonne étoile, ou sur leur ange gardien, selon leurs convictions.

Paradoxalement, c’est au moment où le califat auto proclamé en Irak et en Syrie connait ses premiers revers militaires sérieux avec la reprise de villes importantes comme celle de Fallouja, que les attentats se multiplient. Signe que la lutte contre le terrorisme ne s’achèvera pas le jour où le dernier islamiste de Daech aura été vaincu sur le champ de bataille. N’oublions pas que l’état islamique a supplanté Al Qaïda, qui n’avait pas besoin d’une armée officielle pour agir contre le monde occidental. On peut d’ailleurs observer que les attentats obéissent à deux types de logiques différentes. Il y a celle de l’attentat de masse, la plus spectaculaire, qui vise à faire le plus de victimes possible, en général soigneusement préparé et planifié, et qui est le fait de cellules très organisées. La sophistication même de ces attentats laisse une chance aux forces qui luttent contre eux de découvrir à temps leurs projets. L’autre typologie relève de ce que l’on a appelé parfois les loups solitaires et elle est par nature imprévisible. Notre seule chance d’inverser la tendance est de réussir à convaincre les générations montantes de la folie de ces fanatismes religieux, et il y faudra du temps, beaucoup de temps.