Credo
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 16 décembre 2015 10:47
- Écrit par Claude Séné
Oui, je crois, que l’offre et la demande sont l’alpha et l’oméga des relations commerciales. Oui, je crois, que le marché atteint spontanément son point d’équilibre quand vendeurs et acheteurs se mettent d’accord sur un juste prix. Oui, je crois, que la sainte concurrence, comme la Providence, pourvoira à tout ce qui est nécessaire à des relations humaines harmonieuses. Oui, je crois, que l’économie est une science exacte et qu’elle permet, non seulement de prévoir les crises, mais aussi de les éviter. Ah ! Que le monde des croyants est beau et paisible, surtout si on le compare à celui des pratiquants.
Parce que, là, les choses se gâtent un tantinet, comme en témoigne la dernière affaire (en date) des ententes illicites dans le domaine de la livraison des colis aux entreprises. L’autorité de la concurrence vient en effet d’infliger de lourdes amendes à une vingtaine de sociétés de transport, qui avaient pris l’habitude depuis les années 2000 de se réunir pour fixer des tarifs en commun et les imposer à leurs clients. Il faut dire que le secteur en question est en crise et que de nombreux canards boiteux seraient en passe de disparaitre. Car le marché se soucie peu des dégâts collatéraux sur les salariés des entreprises en faillite. La logique de concentration, incluse dans les règles capitalistes, peut bien détruire des pans entiers de l’économie, du moment que les plus forts et les plus riches continuent de gagner toujours plus. Il est évident que les intérêts de la masse et ceux des puissants ne coïncident pas.
Ce genre d’entente n’est pas nouveau. Les trois opérateurs « historiques » de téléphonie mobile ont été condamnés en 2005 pour les mêmes raisons. À titre personnel, j’ai été tenté il y a quelque temps de changer de banque. Je m’attendais à être accueilli à bras ouverts par le concurrent, avec un petit bonus à la clé en guise de bienvenue. Que nenni ! Mon interlocuteur m’a fait comprendre que ni sa banque ni la mienne n’avaient intérêt à se livrer à une guerre commerciale, et qu’elles préféraient de beaucoup le statu quo, qui leur permet de prélever des frais parmi les plus élevés d’Europe (ça, c’est moi qui le précise).
Le plus beau, dans tout ça, c’est que les clients lésés ne sont jamais indemnisés dans ces affaires-là. Pire, les sociétés condamnées à de fortes amendes, comment croyez-vous qu’elles vont les financer, sinon en augmentant leurs tarifs ? Enfin, je crois…