Gai savoir

Doit-on dire ménardise ou ménarderie ? J’avoue que j’hésite sur le meilleur terme à employer pour désigner la ration mensuelle de bêtise ou de connerie délivrée par le sympathique maire de Béziers, Robert Ménard. Avec une régularité de métronome, l’ancien secrétaire général de Reporters sans frontières, proche du Front national, additionne les provocations et multiplie les mesures douteuses sans que cela lui soustraie le moindre électeur ni divise radicalement ses soutiens. On se souvient de la crèche installée dans la mairie à Noël dernier et qui est reconduite naturellement cette année. Depuis, nous avons eu droit aux déclarations de haine à l’égard des réfugiés syriens, qui n’étaient pas les bienvenus, pas plus que les gens du voyage ou les étrangers en général.

Encore récemment, c’est aux kebabs que s’en prenait Robert Ménard, accusés de contrevenir à notre culture judéo-chrétienne. Il aurait pu ajouter de race blanche, pour attirer Nadine Morano, à qui il a fait des appels du pied pour l’inciter à rejoindre un grand rassemblement autour de Marine Le Pen. J’y reviendrai. Son dernier fait d’armes, c’est la création d’une « garde biterroise » chargée de faire régner l’ordre et de surveiller la population. Formée de volontaires, anciens gendarmes, policiers, militaires ou même pompiers, cette garde patrouillera dans les rues pour prévenir les troubles à l’ordre public. Les 13 malheureux membres de l’opposition municipale ont eu beau voter contre, le préfet a multiplié les avertissements, rien n’y a fait, le maire voulait sa milice et il l’a eue. Les analogies avec la période de l’occupation sont criantes. On s’attend à ce que les citoyens soient appelés à dénoncer leurs voisins au premier comportement suspect, 70 ans après la fin de la 2e guerre mondiale.

Mais Robert Ménard ne compte pas en rester là. Il offre ses services au Front national en suggérant un changement de nom pour attirer les frileux qui n’osent pas assumer leurs positions d’extrême droite : j’ai cité Nadine Morano, on peut y ajouter Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe de Villiers. Il espère ainsi grappiller les quelques points qui séparent encore ses amis du pouvoir suprême. Évidemment, l’idéal serait que le nouveau nom puisse attirer aussi bien les déçus du socialisme que les tenants d’un nationalisme de bon aloi. Pourquoi ne pas les mélanger dans un patronyme fourre-tout : le national-socialisme ? À moins bien sûr que la marque soit déjà déposée.