Docteur Trump et Mister Bern

Vous l’ignoriez peut-être, ou vous l’aviez oublié, le président des États-Unis n’est pas seulement une immense personnalité politique, un faiseur de paix comme l’on n’en rencontre guère qu’une fois par siècle, et encore, mais aussi un puits de science, au fait des développements les plus récents de la recherche et qui n’hésite pas, dans sa grande bonté, à faire part de ses connaissances scientifiques au grand public et à lui prodiguer ses conseils avisés. Lors d’une conférence de presse, il a alerté l’opinion sur la dangerosité que présenterait une molécule présente dans de nombreux médicaments, le paracétamol, indiqué dans les traitements contre douleurs et fièvre.

Le docteur Trump est formel : il existe un lien entre le paracétamol et ce qui serait une « épidémie d’autisme » selon son ministre de la Santé, Robert Kennedy junior, totalement dans son rôle puisque c’est un antivax notoire. Le président déconseille donc fermement et sans la moindre base scientifique aux femmes enceintes de prendre des médicaments contenant du paracétamol, ce qui pourrait les conduire à utiliser de l’aspirine ou de l’ibuprofène, contre-indiqués en fin de grossesse. Dans la foulée, le « bon docteur » rappelle son hostilité aux vaccins, et notamment celui contre l’hépatite B au motif que la transmission de la maladie est sexuelle, donc la vaccination inutile avant 12 ans, en ignorant superbement une contamination précoce possible par la mère, notamment ! j’ignore si beaucoup d’Américains avaient suivi ses prescriptions pour lutter contre l’épidémie de Covid 19, quand il recommandait aux malades de se désinfecter le tube digestif en ingurgitant de l’eau de Javel, et combien ont succombé à ce traitement de cheval. Sa frénésie antivaccination, uniquement basée sur des raisons idéologiques, a démontré sa dangerosité, mais ses effets désastreux ne suffisent pas à dissuader une base obscurantiste.

C’est pourquoi j’ai hésité à associer la campagne publicitaire concernant la prévention du zona chez les personnes de 65 ans et plus, aux propos fantaisistes du président Trump. Le risque de développer un zona est réel, mais le traitement de l’information me semble biaisé. L’usage de photos anxiogènes rappelle les campagnes sur les dangers du tabac, de l’alcool, ou les accidents de la route, dont l’effet dissuasif reste à démontrer. L’utilisation de l’image positive liée au populaire animateur de télévision, Stéphane Bern, associé à des valeurs telles que le patrimoine national, ou les villages de France particulièrement beaux, a tendance à éveiller ma méfiance instinctive. Je ne peux pas m’empêcher d’y voir une tentative d’influencer l’opinion au profit d’un laboratoire britannique dont je ne ferai pas ici la publicité. Il me semble que les enjeux de Santé publique ne devraient pas dépendre d’une campagne plus ou moins bien menée, quand tant de maladies orphelines sont délaissées faute de rentabilité commerciale.