
Égalité devant la loi
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 27 septembre 2025 11:10
- Écrit par Claude Séné

À peine retombée l’onde de choc soulevée par la condamnation de Nicolas Sarkozy à de la prison ferme pour « association de malfaiteurs », que les conditions d’exécution de sa peine ont pris le pas sur la décision de justice elle-même et son bien-fondé. On continue naturellement à entendre les partisans de l’ancien président de la République clamer haut et fort son innocence totale des faits qui lui sont reprochés et mettre en doute l’impartialité des juges qui l’ont condamné, mais le grand public semble avoir pris acte de la décision de justice et ne pas en être si surpris.
Le centre de gravité de l’affaire s’est déplacé sur les conditions de détention qui attendent désormais l’ancien chef de l’état. Les chaînes d’information continue ont invité d’anciens détenus célèbres tels que Pierre Botton, gendre de l’homme politique Michel Noir, condamné pour abus de biens sociaux, et qui a mené depuis un combat constant pour l’amélioration des conditions de détention. Selon lui, il n’y a pas de VIP qui tienne désormais. Les détenus sont logés à la même enseigne, certains sont dits « vulnérables » et doivent être protégés de leurs codétenus par des mesures d’isolement, rendant leur peine plus difficile à supporter. À ce sujet, le journaliste spécialisé dans les affaires pénales, Laurent Valdiguié, développe une théorie intéressante, selon laquelle plus un délinquant est éloigné des conditions de vie en détention, plus il lui est difficile de les supporter. De là à théoriser une adaptation de la peine encourue pour les personnes de « la bonne société », les cols blancs, il n’y a qu’un pas, et la distance séparant ceux qui « ne sont personne » selon la formule d’Emmanuel Macron, d’un président de la République, est évidemment maximale.
D’où l’idée, solidement ancrée dans l’opinion, que les puissants bénéficient de droit de conditions moins sévères que les détenus lambda qui seraient déjà mithridatisés par leur histoire personnelle. Si l’on pousse ce raisonnement jusqu’à son terme, la conclusion logique serait de faire bénéficier Nicolas Sarkozy d’une grâce présidentielle, comme le demandent certains partisans de droite tels que son ancien conseiller Henri Guaino. On voit par là que le cas personnel de Nicolas Sarkozy aura eu le mérite d’attirer l’attention sur les conditions de détention que subissent les 85 000 détenus qui sont actuellement incarcérés dans des prisons prévues pour 62 000 places, et sur le nombre de surveillants insuffisant. C’est l’ensemble du dispositif pénitentiaire qui est à revoir, même si le constat d’inégalité flagrante devant la loi que constituent les régimes d’exception institués par la renommée de certains condamnés, en raison de leur activité passée ou de leur rôle dans le domaine criminel, est également à réexaminer.
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