Même pas peur !

C’est apparemment le mot d’ordre de l’Élysée pour la finale de la Coupe de France de football qui aura lieu ce soir au stade de France. Il s’agit de démontrer le courage du Président, qui se rendra comme prévu et comme c’est la tradition à Saint-Denis pour remettre le trophée à l’équipe gagnante. Tout en cultivant son côté bravache qui n’a peur de rien, Emmanuel Macron a pris un maximum de précautions pour parer à toute éventualité. Le préfet de Seine-Saint-Denis aura beau jurer ses grands dieux qu’il n’a subi aucune pression, on lit entre les lignes qu’il a bien écouté la voix de son maître.

Il a en effet pris un arrêté pour interdire toute manifestation syndicale autour du stade, alors que la CGT a prévu de distribuer aux spectateurs sifflets et cartons rouges à utiliser à la 49e minute du match en référence au recours à l’article 49.3 de la Constitution qui a permis l’adoption sans vote de la réforme des retraites. Officiellement, les pouvoirs publics veulent éviter les affrontements entre supporters, et prétextent une rivalité historique que je découvre, et à laquelle je ne crois pas une seconde, entre les clubs de Nantes et de Toulouse, à la manière de celle qui oppose Paris et Marseille, ou Lyon et Saint-Étienne. C’est grotesque. Ce que redoute l’exécutif, c’est la manifestation spontanée de la colère des spectateurs envers le chef de l’état. L’an dernier déjà, Emmanuel Macron avait été copieusement sifflé à son arrivée au stade, et sa popularité a encore chuté depuis. Au point que la rumeur a circulé avec insistance d’une censure probable de France Télévision pour éviter que l’on voie et qu’on entende à la télé les manifestations d’hostilité à l’égard du chef de l’état.

Emmanuel Macron n’avait pas le choix. Son absence aurait été interprétée comme une reculade, un signe de couardise. Par contre, le protocole devrait être aménagé : la coupe sera remise au capitaine de l’équipe victorieuse dans les gradins et non sur le terrain, et le président ne se fera peut-être pas présenter tous les joueurs avant le match pour éviter tout incident. Un luxe de précautions inhabituelles sera aussi mis en place avec des barrières empêchant l’envahissement du terrain et un surplus d’effectifs de police et de maintien de l’ordre pour éviter tout débordement. Il faudra bientôt aménager un bunker mobile pour que le président puisse visiter son royaume en toute quiétude sans subir les lazzis et les quolibets de la foule selon l’expression consacrée. Quant à l’excès de zèle des préfets qui abusent de leur pouvoir pour préserver celui qui les nomme, il pourrait bien faire long feu si le recours en référé déposé aujourd’hui aboutit à une nouvelle annulation, comme ceux pris dans l’Héraut ou le Loir-et-Cher contre les casserolades la semaine dernière.

Commentaires  

#1 jacotte86 29-04-2023 11:23
j'attends avec impatience ce camouflet de plus
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