Patience : vertu ? Faiblesse ?

Cette capacité à faire preuve de résignation, voire de courage, pour supporter avec persévérance une activité sans se décourager. C’est aussi une aptitude à se maîtriser face à une attente, à rester calme dans une situation de tension, de tolérance face à la provocation.

Sa représentation allégorique est une jeune femme, cheville enchaînée à un rocher, attendant l’érosion du rocher qui la libérera par le goutte-à-goutte d’une source (visible à la galerie palatine à Florence dans le palais Pitti). Ce n’est peut-être pas un hasard, la patience est peut-être très féminine !

On la dit « mère de toutes les vertus », car elle permet d’atteindre la sagesse, la gloire, la réussite, elle a été vantée, par Plutarque, Horace, Shakespeare, La Fontaine, Voltaire… on connaît les formules ou proverbes « tout vient à point à qui sait attendre » Clément Marot, « il faut cultiver son jardin » Voltaire, « patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » La Fontaine. Tout montre que le temps est mère de la patience. Ainsi réunis, on peut surmonter les défis, apprendre une nouvelle compétence, développer la persévérance, l’empathie, l’humilité et surtout éviter de succomber à la frustration, en réduisant le stress et l’anxiété.

Elle est une qualité première dans le domaine de la science, moins victime de la complexité que d’une véritable crise de la patience, comme on l’a vécu dans la période du covid où il fallait aller très vite pour trouver des vaccins, il faut du temps pour expliquer clairement des phénomènes scientifiques.

Dans le domaine financier, la patience est la clé du succès, en Bourse, celui qui sait prendre son temps a beaucoup à gagner !

Mais il y a le revers de la médaille, la patience peut devenir une force d’inertie, quand elle conduit un individu ou un peuple opprimé, à ne plus oser espérer une évolution. Tout accepter sans broncher n’est pas une force, trop de patience empêche la venue du changement, les régimes totalitaires savent bien l’entretenir avec des mesures répressives. Sans horizon, sans espoir, elle entretient une résignation stérile. Dans leur expression excessive, patience et son contraire l’impatience, sont dommageables, si patience rime avec passivité, impatience peut rimer avec violence… quand on a fini de prendre son mal en patience, il est facile de la perdre, par insatisfaction du déroulement des événements, on le vit en ce moment !

Dans la sphère politique, la démocratie est une affaire de temps et de patience, le bien commun se construit peu à peu à partir d’intérêts personnels divergents, qu’il faut chercher à se faire converger sans les nier !

Cette vertu manquerait-elle à notre président ? Sur le plan international, on dit qu’il l’ignore en diplomatie ainsi que la retenue, et la pondération, sur le plan national, il s’est empressé de promulguer une loi en une nuit ! Il n’a pas réussi à faire converger les intérêts divers, de telle façon qu’il a mené à ses limites la patience des contestataires, qui, j’espère, n’iront pas jusqu’à appliquer ce proverbe arabe « quand tu seras enclume prends patience ; mais si tu es marteau, frappe droit et ferme » et je lui laisserai méditer cette formule de Kant « la patience est la force des faibles, l’impatience la faiblesse des forts ».

L’invitée du dimanche