Une affaire peut en cacher une autre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 28 décembre 2022 10:54
- Écrit par Claude Séné
Alors que le débat fait rage dans la fusillade de la rue d’Enghien, dénoncée comme un attentat terroriste visant spécifiquement la communauté kurde à l’instigation du président de la Turquie, la presse, et notamment France Info, est revenue sur les circonstances de l’attaque d’un camp de migrants en décembre 2021, qui avait valu à l’agresseur une période d’un an de détention provisoire, et pour laquelle il n’a pas encore été jugé. Et le récit du déroulement des faits est particulièrement intéressant, et éclaire d’un jour nouveau les évènements récents et le fonctionnement de la société.
L’auteur présumé des faits, William M., s’était alors rendu dans le 12e arrondissement de Paris, muni d’un sabre, dans le but apparent de chasser et probablement de blesser et tuer des migrants, réfugiés dans un camp de fortune dans le parc de Bercy. Comme dans l’affaire récente, ce sont des témoins qui vont réussir à désarmer l’agresseur, qui sera quand même parvenu à blesser plusieurs personnes. À l’arrivée de la police, pas de détail. Elle embarque indistinctement l’auteur des faits et ses victimes, y compris le lendemain des représentants d’une ONG, venus pour aider et réconforter les migrants. Ils seront verbalisés et devront s’acquitter d’une amende pour rassemblement non déclaré. Quatre migrants attaqués par William M. sont placés en garde à vue, ce qui ne sera pas son cas immédiatement, car il doit être soigné pour des blessures superficielles de défense à l’aide de branches. Ce qui vaudra aux victimes d’être poursuivies pour « violences volontaires » avec « arme » et « en réunion », et un d’entre eux fera l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Quand les autorités font preuve d’une telle confusion, et alors que l’intéressé revendique lui-même le caractère raciste de son comportement, comment pourrait-on évaluer si cet homme a subi ou subit encore une altération permanente ou provisoire de son jugement ? Ni même s’il est en mesure de faire la distinction élémentaire entre le bien et le mal, condition nécessaire pour prononcer une peine destinée à sanctionner un comportement ? L’enquête devra démontrer si ces crimes présentent ou non un caractère terroriste et s’il faut y voir la main du pouvoir turc, mais la motivation raciste et xénophobe, elle, ne semble faire guère de doutes. Ce n’est en aucun cas une excuse, mais quand les forces de l’ordre elles-mêmes semblent traversées par des préjugés liés à la couleur de la peau, on peut considérer qu’il s’agit là d’un encouragement tacite aux discriminations ou aux violences à l’égard des étrangers. L’état semble bel et bien fautif d’avoir remis en liberté un homme dont le « palmarès » est éloquent. William M. a été condamné à 6 ans avec sursis en 2017 pour détention d’armes prohibées, puis à 12 mois pour des « violences » en 2022, dont il a fait appel, et donc il a attaqué ce camp de migrants en fin 2021.