Mieux vaut tard
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 1 octobre 2021 10:33
- Écrit par Claude Séné
Il aura fallu attendre 9 ans pour que la justice tranche dans l’affaire Bygmalion et condamne le candidat alors président de la République à un an de prison ferme pour le dépassement illégal des dépenses électorales. Le tribunal correctionnel a considéré que Nicolas Sarkozy ne pouvait pas ignorer que ses demandes répétées d’organisation de grands meetings électoraux auraient nécessairement un coût, qui allait conduire au presque doublement du budget alloué à chacun des deux candidats au second tour. Les 15 prévenus ont tous été condamnés au-delà des réquisitions, ce qui montrerait la détermination de la justice à ne rien laisser passer.
Nicolas Sarkozy fera appel, bien entendu, tout comme dans l’affaire précédente, celle des écoutes téléphoniques, pour laquelle il a été condamné à 3 ans de prison, dont un an ferme, et probablement dans la suivante, encore au stade de l’instruction, sur le financement libyen de sa campagne de 2007. Jusqu’au jugement définitif, le prévenu Sarkozy sera donc juridiquement innocent, et le tribunal a déjà prévu un aménagement de peine, jugé vexatoire par ses avocats, par le port d’un bracelet électronique. D’appel en cassation en passant par la Cour européenne des droits de l’homme et le Bon Dieu s’il existe là-haut une instance supérieure, on peut faire confiance à l’armée d’avocats de l’ancien président de la République pour exploiter tous les recours possibles et imaginables en vue d’éviter ou de retarder le fait que Nicolas Sarkozy mette un seul orteil en prison, mais qui sait ? Il semblerait bien que nous ayons changé d’époque depuis que Didier Wampas réclamait en vain de voir enfin Chirac en prison. À ce moment-là, celui qui n’était pas encore président de la République, mais simple maire de Paris échappait à l’incarcération grâce au sursis pour avoir rémunéré des collaborateurs au moyen d’emplois fictifs.
Coïncidence de l’actualité, c’est le jour même où Sarkozy était rattrapé par une de ses nombreuses casseroles que la police élucidait enfin une affaire vieille de 35 ans, celle d’un tueur en série surnommé le grêlé du fait des cicatrices mentionnées dans les témoignages et représentées sur les portraits robot. Une affaire jamais classée, illustrant la persévérance des enquêteurs sur un dossier difficile. Une élucidation rendue possible par les progrès techniques dans la recherche sur l’ADN. Dans un cas comme dans l’autre, et bien qu’ils soient très différents, il est réconfortant de penser que la société ne lâche rien. Ce serait encore mieux si les condamnations avaient un effet dissuasif et que la crainte du jugement empêchait les prétendants aux responsabilités publiques de se livrer à des malversations. De ce point de vue, au lieu de pleurer sur le lait renversé en songeant qu’un Éric Zemmour pourrait devenir président de la République, alors qu’il a déjà été condamné pour incitation à la discrimination raciale, qu’attend-on pour déclarer inéligibles ce genre de cocos ?
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