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Deux Français sur trois
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 21 juin 2021 10:36
- Écrit par Claude Séné
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C’est sous ce titre qu’en 1984 paraissait un essai de Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République, battu en 1981 par François Mitterrand, et qui rêvait de reconquérir son siège après une parenthèse qu’il espérait la plus courte possible. Si l’on considère l’électorat comme une omelette, le projet de Giscard consistait à couper les deux extrémités, la plus à gauche et la plus à droite, pour ne garder que le milieu, un centre hypertrophié, un ventre mou, un marais, réuni sous la bannière d’une « France libérale et réconciliée ».
Une aspiration qui n’a jamais trouvé son public, Giscard ayant progressivement disparu des radars de la politique française, mais qui a finalement triomphé avec l’avènement d’un drôle d’hybride, une sorte de coucou qui aurait pondu ses œufs dans le nid de la gauche pour se faire nourrir, tout en ratissant large pour attirer sa vraie famille, celle de la droite libérale et décomplexée. Cette confusion n’est à mon avis pas pour rien dans les résultats des élections régionales et départementales, qui ont vu, au premier tour, la victoire écrasante des abstentionnistes avec un score record de plus de deux Français sur trois qui n’ont pas jugé nécessaire de se déplacer pour faire un choix dont l’intérêt leur a visiblement échappé. Cette désaffection des Français à l’égard de la politique ne peut pas être considérée comme une bonne nouvelle, mais paradoxalement, elle s’accompagne de motifs d’espérer.
Le premier, c’est le score du rassemblement national, première victime de l’abstention, qui ne le place en tête que dans la région PACA, qu’il n’est pourtant pas assuré de gagner, notamment si la liste d’union des écologistes et de la gauche se retire finalement. Après des années de progression continue, la tendance des municipales se confirme et le RN est stoppé pour le moment dans sa progression. Les électeurs ont d’ailleurs été proprement engueulés par les cadres du parti pour avoir « mal voté ». Ça donne un aperçu du genre de démocratie qu’ils proposent. Deuxième point, c’est la confirmation du peu d’ancrage de la majorité dans les « provinces », avec les candidats de la République en marche, tous battus malgré le renfort de poids lourds du gouvernement, qui devraient, en toute logique, démissionner après leur échec électoral. Troisième enseignement du scrutin, c’est la résistance des « sortants », globalement confortés, et la persistance du clivage droite-gauche, nié par Emmanuel Macron, en bon héritier de Valéry Giscard D’Estaing. Toutes choses qui permettent d’espérer que la revanche du duel Macron-Le Pen n’est pas inéluctable en 2022. Il reste, et ce n’est pas une mince affaire, à permettre à des candidatures alternatives de se dégager et de réunir des soutiens sur la base d’un programme clair et mobilisateur.