![](/images/breton_assis.png)
Glaçant
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 25 mai 2021 10:29
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Croyez-le ou non, vous pouvez qualifier quelqu’un de tiède, une situation de brûlante, des relations de fraîches, un accueil de froid, mais si vous avez le malheur d’évoquer un climat « glaçant », vous tombez sous le coup de la loi, du moins si l’on en croit le ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin a en effet annoncé porter plainte en diffamation contre Audrey Pulvar qui a utilisé ce vocable pour donner son impression sur les déclarations de certains syndicats de police pendant la manifestation devant l’Assemblée nationale.
Personnellement, je trouve la réaction de la candidate aux élections régionales plutôt mesurée, et l’on en entend de plus vertes et de moins mûres sous le moindre préau de cour d’école à l’occasion de campagnes électorales pour imager des propos un peu vifs. Ce sont les syndicalistes en question qui pourraient être mis en cause pour avoir proclamé avec passion un jugement aussi définitif qu’inquiétant, selon lequel le problème de la police ce serait la Justice, et non les délinquants. Tout occupé qu’il est à courir derrière ses troupes, le ministre n’a pas relevé cette atteinte à un corps constitué de l’état, dont il se dit pourtant le premier et plus fidèle serviteur. C’est cette attaque frontale illustrant l’éternelle querelle du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire qui a attiré cette réplique cinglante de Jean-Luc Mélenchon sur les pratiques factieuses. Ça, pour le coup, c’est un qualificatif qui pourrait prêter à débat, mais curieusement, le ministre s’en désintéresse au profit d’une polémique minuscule sur un terme tout à fait anodin. La base juridique pour engager des poursuites est tellement mince qu’il y a de fortes chances pour que le gouvernement ne mène pas la procédure jusqu’à son terme, et que, s’il le faisait, et que par faveur la plainte aboutissait à un procès, celui-ci tourne court et se solde par un non-lieu.
Si l’on examine de plus près cette charge contre la justice, que son ministre a soigneusement évité de défendre en se réfugiant derrière la procédure en cours, elle fait inévitablement penser à celle d’Arnaud Montebourg qui en 2007 avait manié un humour discutable en indiquant que la candidate dont il était alors le porte-parole, Ségolène Royal, n’avait qu’un seul défaut, son compagnon. Comme à l’époque, la plaisanterie reflète une divergence réelle. La police réclame avec insistance et depuis longtemps, la subordination de l’appareil judiciaire à celui de la police. Dans une société idéale, le juge n’aurait plus qu’à appliquer un barème et à incarcérer automatiquement les délinquants, sans autre forme de procès. Il suffirait de construire des prisons en nombre suffisant et toujours en augmentation. On comprend mieux pourquoi un récent sondage indiquait que 75 % des policiers en activité votent pour le rassemblement national. Un chiffre que je ne sais pas comment qualifier. Ah, si ! Glaçant ?
Commentaires