Rien ne sert de courir

Nous avons beaucoup glosé sur le déclin français en matière de recherche, notre pays étant le seul membre permanent du Conseil de sécurité à avoir été incapable de mettre au point un vaccin contre le covid-19, alors que les États-Unis, la Chine, la Russie ou l’Angleterre en proposaient tous au moins un. Alors nous ne pouvons que nous féliciter d’apprendre que Sanofi, qui n’a jamais baissé les bras malgré l’échec de sa formule initiale, est parvenu à développer un nouveau traitement, aussi efficace sinon plus que ceux de ses concurrents.

Le vaccin marche en laboratoire. Il reste à le tester à grande échelle pour vérifier l’absence d’effets indésirables, afin qu’il ne subisse pas le sort de l’Astra Zeneca, tellement dévalorisé qu’il ne sera bientôt plus utilisé que dans les pays pauvres, malgré un rapport-bénéfice-risques très favorable. La commercialisation du produit pourrait être effective en fin d’année 2021. Je vous entends déjà vous exclamer : comment ? Tout le monde ne sera donc pas vacciné à ce moment-là, alors que le président clame haut et fort que la campagne ne devrait pas se prolonger au-delà de l’été, voire l’automne ? En principe, si. Cependant, il n’est pas exclu que de nouveaux variants fassent leur apparition, et l’on ignore encore la durée de la protection acquise par les vaccins ou la guérison de la maladie. Beaucoup de scientifiques estiment probable la nécessité de procéder à un rappel, une troisième injection, au bout de 8 à 12 mois. Il n’est même pas impossible qu’il faille s’adapter à de nouvelles souches chaque année, comme pour la grippe saisonnière, ce qui justifierait de continuer la production de vaccins.

Le vaccin de Sanofi fait appel à une technologie éprouvée, il sera donc robuste et pourra se conserver dans un simple réfrigérateur ménager. Il existe une probabilité d’un avantage à utiliser un vaccin différent des premières injections pour un rappel, et le vaccin français aurait donc son utilité. Et si, dans le meilleur des cas, l’épidémie était jugulée en Europe et dans les pays développés, il resterait « un marché » très important, numériquement, et géo stratégiquement, celui des pays africains et à moindre pouvoir d’achat, sans lequel il serait impossible d’éradiquer la maladie. Par définition, ces pays seraient dans l’incapacité de payer les doses à un prix comparable à celui des pays riches, ce qui pourrait permettre une redistribution des cartes. Pour l’instant, c’est la Chine qui occupe le terrain, mais le vaccin de Sinopharm, s’il empêche les formes graves de se développer, laisse des formes atténuées apparaitre, ce qui peut être coûteux et inquiétant pour les populations concernées. Si Sanofi réussit à partir à point, il peut encore réaliser une belle opération et redorer le blason français.

Commentaires  

#1 jacotte 86 20-05-2021 11:52
enfin une bonne nouvelle cocorico
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