Le déjeuner

Après « le souper », cette pièce de théâtre portée à l’écran avec les regrettés Claude Rich et Claude Brasseur, jouant respectivement les rôles de Talleyrand et de Fouché, « le vice appuyé sur le bras du crime », avons-nous assisté à une sorte de remake avec la rencontre se voulant discrète de Bruno Roger-Petit, conseiller du président, et de Marion Maréchal, figure montante de l’extrême-droite, au cours d’un déjeuner, bien réel celui-là ? Le pot aux roses, assez mal caché d’ailleurs, a été dévoilé dimanche dernier par le journal le Monde, mais il remonte à la mi-octobre.

Bruno Roger-Petit, méconnu du grand public, a quand même été nommé un temps porte-parole de l’Élysée, avant que ce poste disparaisse en raison de son inutilité, apparemment, le président portant volontiers sa parole lui-même. Il a été reconverti dans un emploi créé spécialement pour lui, de conseiller « mémoire » d’Emmanuel Macron. On peut donc considérer qu’il a l’oreille du président, la droite en tout cas, et qu’il devait être en service commandé pour sonder une de ses représentantes les plus populaires. Ce qu’il nie assez maladroitement en prétendant avoir agi « à titre personnel ». Pour des raisons sur lesquelles il ne s’étend pas, il aurait subitement eu envie de savoir si Marion Maréchal « était en résonance avec l’état de l’opinion ». Si quelqu’un comprend cette phrase, c’est qu’il se sera mal exprimé. Bruno Roger-Petit, quant à lui, en a tiré la conclusion qu’ils n’étaient pas d’accord. Ce qui est inquiétant, c’est que cela semble l’étonner. Coïncidence ou non, dans le discours présidentiel suivant, Emmanuel Macron trouve le moyen de citer Maurras, figure historique de l’extrême-droite et même Philippe Pétain. Difficile de ne pas y voir l’influence de celui qui est précisément chargé de rafraîchir la mémoire du président.

Un conseilleur qui est d’ailleurs le payeur de ce repas dont il a été à l’initiative. On espère qu’il s’est muni d’une cuillère à longue queue pour inviter à sa table une sorte de diable en jupon, peut-être encore plus dangereuse que sa tante, Marine. Il est vrai que l’ancien journaliste ne craint pas de se brûler, lui qui serait proche de Geoffroy Lejeune, directeur de Valeurs actuelles. C’est le prototype d’une catégorie de politiques, sans convictions personnelles, prêt à se vendre au plus offrant. Il a un temps soutenu Arnaud Montebourg avant de rejoindre Emmanuel Macron, sans toutefois obtenir son Graal personnel : une investiture à la députation. Il a d’ailleurs gagné ses galons en décrochant dans la presse le surnom mérité d’O au carré, Opportuniste Odieux, pour ses chroniques politiques très orientées, théâtre de ses vengeances personnelles. Son initiative « privée » met dans l’embarras une majorité présidentielle qui a déjà bien du mal à se dépatouiller d’une crise sanitaire où le gouvernement ne semble pas avoir de ligne claire.

Commentaires  

#1 jacotte 86 29-12-2020 11:29
quel brouet nous mijote jupiter que même une cuillère à longue queue ne saurait dissiper la pestilence!!
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