Entre Noël et Ramadan
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 28 décembre 2020 10:46
- Écrit par Claude Séné
C’est en 2003 que le groupe Au P’Tit Bonheur sortait cet album dans lequel se trouvait également la reprise de leur chanson à succès J’veux du soleil. Leur musique joyeuse et métissée, à l’image des origines des musiciens, s’inspire de traditions diverses, se réclamant à la fois de Noël et du Ramadan. Voilà longtemps que les musulmans vivant en France ont pris l’habitude de fêter Noël, en dehors de toute connotation religieuse, comme d’ailleurs la plupart des Français, excepté une minorité pratiquant la religion catholique. Noël, c’est plutôt la fête des enfants, une occasion de les gâter en leur faisant des cadeaux.
C’est en tout cas ce que j’ai vu pratiquer, notamment dans les communautés d’origine turque, ou maghrébine, sans que cela soulève grand débat. C’est donc d’autant plus choquant d’apprendre la mésaventure d’un jeune homme de Belfort, qui avait posté une photo de son repas de Noël, et qui a reçu en retour des insultes d’un « ami » lui reprochant de ne pas être un bon musulman. Pire, en voulant rencontrer son contradicteur, il est tombé dans un guet-apens et s’est fait rouer de coups. On peut y voir la conséquence d’une radicalisation d’une partie de la communauté musulmane, la même qui pourrait se laisser entraîner dans des actions violentes ou même terroristes. Il se trouve que la victime est par ailleurs fils de policiers, ce qui a amené certains responsables politiques à faire un amalgame que j’estime douteux pour ma part.
En effet, pendant le même temps, le footballeur égyptien très connu, Mohammed Salah, qui vit en Angleterre, a fait l’objet d’un lynchage sur les réseaux sociaux pour des raisons similaires : une photo avec sa fille sous le sapin, habillé en père Noël. Bien sûr, il n’a pas reçu que des messages haineux. Mohammed Salah reste un sportif très populaire, et ses photos ont été relayées et appréciées par de nombreux supporters. On voit par-là que la haine des policiers exprimée à Belfort, n’est pas le point de départ de la question, inquiétante, d’affrontements entre communautés, qui cohabitaient tant bien que mal jusqu’ici. L’exemple anglais nous montre aussi les limites d’un modèle basé sur la séparation des communautés, que l’on avait tendance à ériger en parangon d’une intégration réussie. Visiblement, les préjugés et la défiance entre les groupes ne sont pas moindres dans ce système que dans le nôtre. De là à qualifier tous ceux qui viennent d’au-delà de nos frontières de « séparatistes » comme l’a suggéré Emmanuel Macron, il y a un pas que je ne franchirai pas. À ma connaissance, les seules minorités qui pourraient revendiquer cette appellation sont celles des Corses ou des Bretons, et ils ne sont pas majoritaires.