La baballe
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 25 novembre 2020 10:41
- Écrit par Claude Séné
Je voudrais m’inscrire en faux contre les observateurs qui prétendent que les dirigeants en général et Emmanuel Macron en particulier, ont un discours infantilisant. Ils n’y sont pas du tout. Dans notre société moderne il est désormais acquis que même les bébés sont des personnes et qu’à plus forte raison les enfants ont des droits, reconnus internationalement depuis la déclaration universelle de 1989. D’ailleurs, les sévices corporels sont bannis des sociétés civilisées auxquelles nous prétendons appartenir et font l’objet d’une réprobation générale. Non, la comparaison la plus appropriée est bien celle des nouveaux animaux de compagnie.
Dans son immense bienveillance et le secret de son cabinet, le chef, Sa Majesté, Manu premier a donc octroyé un allongement de la promenade hygiénique de ses fidèles compagnons à deux pattes. Au lieu de nous contenter de tourner en rond autour du pâté de maisons, en ralentissant l’allure pour faire durer le kilomètre pendant une heure tout en cherchant l’endroit propice pour soulager nos besoins naturels, il sera désormais possible de changer légèrement d’horizon et de prendre un peu son temps. C’est-à-dire que nous allons troquer la laisse courte contre la laisse longue, mais il sera toujours interdit de gambader ou de folâtrer à sa guise tant que le maître n’en aura pas décidé ainsi. Roger Pierre, en son temps, se mettait déjà dans la peau de son chien pour souligner le ridicule de jouer à la baballe avec lui, qui, à huit ans, avait déjà l’équivalent de l’âge respectable de 56 ans, toutes proportions gardées. Que dirait-il aujourd’hui du traitement réservé aux « seniors » que l’on veut protéger contre leur gré en les confinant dans des fourrières, pardon, des EPADH ?
Pourtant, Raymond Devos nous avait déjà alertés sur le risque de voir son toutou familier prendre le pouvoir suprême, le contrôle de la télécommande. Grâce à la zappette, les rôles auraient été inversés, et c’est le maître qui devrait se coucher sur le tapis pour ronger son os, à deux doigts d’aboyer pour se manifester. Il ne manquerait plus qu’il morde ! Ma foi, ça pourrait bien venir. Le degré d’acceptation des mesures coercitives depuis le premier confinement est plutôt sidérant pour un peuple réputé pour son indiscipline, mais les Papys et les autres font de la résistance passive et la grogne des différentes catégories sociales touchées par la crise ne cesse de monter. Au fur et à mesure des allègements accordés aux uns, les autres voient leur situation stagner et l’attente se fait de plus en plus pénible. Au point de montrer son ingratitude quand le maître s’exclame sur les « crocros » et s’expose à la morsure de la « sale bête » ? Réponse aux prochaines présidentielles.
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