Le casse-tête scolaire

Reconnaissons-le, la rentrée scolaire en France comme dans les autres pays touchés par l’épidémie de coronavirus est un véritable casse-tête. La gageure consiste à faire cohabiter des enfants, des adolescents et des adultes en grand nombre dans des espaces restreints, tout en garantissant un excellent niveau de sécurité sanitaire. Il faut pour réaliser cet objectif la coopération de plusieurs acteurs, au premier rang desquels on trouve naturellement les parents, qui sont et restent les responsables de leurs enfants, même lorsqu’ils en confient momentanément la charge à l’institution scolaire.

Les enseignants et les personnels dédiés à l’éducation, y compris la restauration quand elle est organisée au sein de l’école, doivent être protecteurs et donc protégés de la transmission du virus. Les maires, les préfets et les élus des différents niveaux concernés doivent fournir les conditions matérielles nécessaires, dans le cadre des règles établies au niveau national. Enfin, l’enseignement à distance doit pouvoir suppléer le manque d’un enseignement en classe quand c’est nécessaire. On croyait pouvoir au moins s’appuyer sur une connaissance scientifique incontestable qui voulait que les enfants, s’ils n’étaient pas beaucoup touchés par la maladie et ne développaient que rarement des formes graves, soient des vecteurs de transmission très importants. C’est la raison pour laquelle les écoles avaient été fermées rapidement. Cette certitude est largement remise en cause, sans être remplacée par une conviction inverse, solidement étayée. D’où la fausse bonne idée du président de laisser la décision au choix des parents, ce qui est la meilleure manière d’accréditer la conviction qu’il existe un très grave danger, dont l’état ne veut pas assumer la responsabilité.

Dans un premier temps, cela va aider à réduire les effectifs des enfants à scolariser, mais les dégâts de la défiance risquent d’être durables. L’organisation d’une rentrée par étapes semble être régie par l’arbitraire ou les contingences locales, plus que par un projet réellement pédagogique. Le gouvernement maintient contre vents et marées la fiction d’une rentrée obéissant à des impératifs sociaux, pour ne pas pénaliser les élèves déjà en difficulté, alors qu’à l’évidence la seule logique qui préside aux choix de l’état, s’il en existe une, c’est de permettre une reprise du travail dans les meilleurs délais. S’il en était besoin, une preuve en est apportée par l’exemple de l’indemnisation du chômage partiel destiné à permettre aux parents de rester chez eux garder leurs enfants. Ils ne pourront en garder le bénéfice que si c’est l’école qui refuse d’accueillir et non eux qui décident de ne pas y mettre leurs enfants. Que l’état se préoccupe d’une reprise économique aussi rapide que possible n’est pas anormal. C’est même une de ses responsabilités premières. Ne pas vouloir le reconnaître rend la chose éminemment suspecte et ne peut que renforcer la défiance sur ses capacités à garantir des conditions de travail acceptables, faute d’une préparation suffisante.

Commentaires  

#1 jacotte86 30-04-2020 11:18
c'est donc un volontariat parental "pipé"... décidément ce gouvernement manie carotte et bâton habilement
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