Darwin avait raison
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 8 avril 2020 10:56
- Écrit par Claude Séné
Mais Karl Marx n’avait pas tort. N’en déplaise aux créationnistes américains qui croient dur comme fer que leur dieu industrieux a fabriqué de toutes pièces, à partir du néant, l’univers tout entier et ce qui le compose en une semaine à peine, se payant même le luxe de glander le 7e jour, il apparait bel et bien dans ces temps troublés que ce sont les plus forts, les plus malins, ou tout simplement les plus chanceux, qui tireront leur épingle du jeu. Et au fond, appliqué à l’économie, Karl Marx ne disait pas autre chose.
Si vous ne savez vraiment pas quoi faire de votre temps libre, à supposer que vous en ayez, je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger ou de vous replonger dans la lecture du « Capital ». Ce pavé datant de la fin du 19e siècle est certes indigeste et écrit dans une langue que n’aurait pas désavoué Emmanuel Macron lui-même, mais il a le mérite de poser les problèmes sur l’organisation capitalistique de nos sociétés et de questionner les fameuses lois du marché, supposées intangibles, universelles et ayant réponse à tout. Ce qui a beaucoup nui à la réputation du Capital, c’est son aspect prédictif. Marx, ayant constaté que le capitalisme engendrait des tensions entre les classes sociales pour la possession des plus-values créées par le travail, en déduisait une spirale inexorable de crises successives aboutissant nécessairement à l’effondrement de la société industrielle. Le krach de 1929 a semblé lui donner raison, mais depuis, les crises qui se sont effectivement produites ont été régulées par les guerres, jusqu’à ce dernier avatar que personne n’avait vu venir : la pandémie mondiale qui a mis les économies à l’arrêt pour une durée indéterminée.
C’est à l’échelle des pays que les futures compétitions économiques vont désormais se dérouler quand les activités vont pouvoir reprendre. Les gros poissons vont à nouveau dévorer les petits, et les États-Unis et la Chine seront sans doute encore en haut de la chaîne alimentaire, et pour longtemps, probablement. Après les crises, les forts sont encore plus forts, les riches, et ce sont souvent les mêmes, encore plus riches. C’est Thomas Piketty, qui a repris le flambeau en publiant « le capital au 21e siècle » qui le démontre très clairement. La richesse se concentre sur une minorité de plus en plus restreinte, accaparant une part du gâteau de plus en plus importante. La bonne nouvelle dans cette crise économique d’un genre nouveau, c’est la conversion forcée des libéraux les plus acharnés en faveur d’un « État-providence » pour sauver l’entreprise, et accessoirement, ceux qui la font vivre, les travailleurs.