Double faute

Elle arrive toujours au plus mauvais moment pour celui ou celle qui la commet. C’est souvent quand la tension est maximale dans un match de tennis, sur un point important, parfois décisif, que les nerfs lâchent et que la balle atterrit dans la bande du filet ou en dehors des limites du terrain, ruinant les espoirs du joueur au service. C’est dans ces circonstances que l’expérience fait la différence. Les joueurs aguerris commettent peu d’erreurs sur les points importants. Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé et candidate malheureuse à la mairie de Paris, vient de démontrer sa faiblesse dans ce domaine.

Elle a révélé au journal le Monde qu’elle avait compris avant tout le monde que l’épidémie chinoise allait gagner notre pays et rendrait impossible la tenue des élections municipales. Elle aurait alerté le président Macron dès le mois de décembre et le Premier ministre en janvier, ce que ne conteste pas Édouard Philippe tout en le relativisant. Sa première erreur, si elle était aussi convaincue que cette élection serait « une mascarade » selon ses propres termes et que le gouvernement ne se donnait pas les moyens de faire face à ce qu’elle pressentait devoir être « un tsunami » a été de ne rien dire publiquement. Ni même de mettre sa démission dans la balance, si tant est que le Premier ministre ou le président en aurait fait quelque cas. Du moins aurait-elle eu sa conscience pour elle. Au lieu de quoi, elle s’est prêtée au jeu politicien en acceptant de remplacer Benjamin Griveaux au pied levé, en surestimant peut-être une image jusque-là assez positive, opposée à celle, désastreuse, de son ancien collègue. On a pu voir à quel point elle s’était trompée.

Si sa première erreur a été de se taire, la deuxième a été de parler. Quand on est novice en politique, on a tendance à suivre ses intuitions. La déception après son échec lui a fait tenter de l’expliquer en se donnant le beau rôle après coup. Mais n’est pas docteur Li, le médecin chinois qui a alerté l’opinion et les autorités sur le coronavirus, qui veut. Il faut avoir le cuir tanné pour savoir encaisser les coups, y compris quand ils sont en dessous de la ceinture dans le cas de Benjamin Griveaux. Comme beaucoup de « marcheurs » mis en avant par Emmanuel Macron, son inexpérience est apparue en pleine lumière. Elle fragilise au passage le gouvernement auquel elle a appartenu, et qui a pourtant grand besoin de crédibilité en ce moment pour faire accepter des mesures de confinement contraignantes après des semaines de tergiversations et de décisions contradictoires. La partie contre le covid-19 n’est pas encore gagnée, mais Agnès Buzyn s’est déjà mise hors-jeu d’elle-même.

Commentaires  

#1 jacotte86 18-03-2020 11:27
une pierre branlante de plus à l’édifice de Macron, et on est pas au bout de nos surprises n onction de la réussite ou non des mesures prise pour endiguer la crise il y aura d'autres rats à quitter le navire
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