![](/images/breton_assis.png)
Faire de l’argent
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 26 février 2020 10:53
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Après un premier report pour cause de grève des avocats opposés au nouveau régime de retraite par points qui les dépouille de leurs économies, les époux Fillon comparaissent donc aujourd’hui dans le cadre de l’affaire qu’il est convenu d’appeler « Pénélopegate » en référence aux emplois présumés fictifs de la femme de l’ex-candidat à la présidentielle. Contrairement à Benjamin Griveaux, l’ancien premier ministre, pourtant confronté à des accusations autrement plus graves que celles qui visaient l’ex-porte-parole du gouvernement, n’a jamais renoncé à faire campagne et s’est posé en victime d’un complot malgré les évidences.
La seule « erreur » que reconnaitra l’ancien premier ministre sera d’avoir accepté le cadeau empoisonné que lui a fait Robert Bourgi en lui achetant des costumes de luxe. Car l’argent est bien le ressort caché de François Fillon, son talon d’Achille. Il a toujours souffert de ne pas posséder une véritable fortune personnelle, minimisant au passage la valeur de la maison familiale. Il a même confié avoir regretté que Sarkozy ne soit pas réélu, car il aurait pu mener une carrière à la Tony Blair et donner de lucratives conférences, comme l’a fait un temps l’ancien président, jusqu’à ce que cela cesse de l’amuser. Il aurait ainsi « fait de l’argent » selon l’expression consacrée. Cette façon de parler est d’ailleurs parfaitement abusive. Elle ne rend pas plus compte de la réalité que celle qui prétend « faire de l’essence » en se rendant à la station-service.
Plutôt que « faire » de l’argent, il s’agit de le prendre. L’opinion publique ne s’y est pas trompée qui a accompagné chacun des meetings du candidat de droite du slogan : « Fillon, rend l’argent ! » C’est que plus d’un million d’euros détournés pour un emploi dont on ne trouve plus aucune preuve matérielle de l’efficacité, ce n’est pas rien pour le bon peuple, fut-il conservateur et prêt à voter pour un notable réactionnaire se prétendant un parangon d’honnêteté. L’affaire Fillon illustre bien les rapports incestueux entretenus par la classe politique et les milieux d’affaires, là où se trouve cet argent tant désiré, tant convoité, et si nécessaire pour faire une carrière. Sans atteindre les sommets des campagnes américaines où bientôt seuls les milliardaires pourront concourir, les financements des candidats sont nécessairement sujets à caution et souvent occultes. Alors quand le corapporteur du projet de loi sur la réforme des retraites, Jacques Maire, prétend que détenir 300 000 euros d’action chez un assureur qui propose des pensions par capitalisation ne peut pas être considéré comme un conflit d’intérêts, il démontre simplement qu’il est sourd et aveugle aux risques de parti-pris et d’influence volontaire ou inconsciente sur les décisions de la représentation nationale.