Croix de bois, croix de fer…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 16 février 2020 10:15
- Écrit par L'invitée du dimanche
Si je mens, je vais en enfer ! À dire la vérité, j’y suis allée souvent et comme tout le monde j’en suis revenue, et j’y retournerai souvent encore.
Les premiers voyages commencent dans l’enfance, dès que la conscience entre erreurs et mensonges nous est possible…
J’ai fait très vite l’expérience que les adultes préféraient parfois entendre un mensonge bien emballé qu’une vérité toute simple, mais dérangeante. J’ai fait l’expérience aussi que c’était très amusant d’arranger la réalité ne serait-ce que pour « se rendre intéressante ». Cela ne me dérangeait pas que mes stratagèmes soient éventés, il était presque toujours possible de me démasquer (un menteur oublie toujours quelques détails qui vont le confondre et si le mensonge prend l’ascenseur et la vérité l’escalier, elle arrive quand même), car c’était un réel plaisir de transformer les événements à ma guise. J’aimais tester la crédibilité de mes histoires, sans jamais trop savoir si autour de moi on les croyait vraiment ou si on faisait semblant d’y croire, il m’arrivait d’y croire moi-même.
J’ai ainsi acquis en tout cas une réputation de menteuse qui m’a poursuivie très longtemps… pour m’en défaire, je suis tombée dans un excès inverse, me poussant assez souvent à dire la vérité sans fard au risque de blesser inutilement. J’ai aussi gardé de ce passé de petite menteuse, la peur de n’être pas crue, de me sentir obligée d’apporter des preuves supplémentaires de mes affirmations !
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je mets rarement en doute la vérité des autres, je joue la confiance totale, celle que j’aurais voulu que l’on m’accorde dans mon enfance.
Cette expérience personnelle et banale m’a appris que la raison se compose de vérités qu’il faut dire et de vérités qu’il faut taire, que sans le mensonge il n’y a pas de vie sociale… combien de fois avez-vous menti ? « Désolée je suis prête à partir » « désolée je n’ai pas entendu le téléphone » plutôt que de dire « je n’ai pas envie de vous parler » un peu brutal non ? !
Il m’arrivera encore d’arranger la vérité, en relatant un incident par exemple, où je m’attribue une réplique que je n’ai pas osé faire, mais que j’aurais dû ou pu faire, juste pour arranger l’image que j’ai envie d’avoir de moi, sans que cela déforme l’essentiel du message !
Vérité et mensonge sont les deux faces d’un décor, tout le monde ment, il faut apprendre à mentir, la capacité de mentir aide à démasquer les menteurs ! Et le travail ne manque pas avec les réseaux sociaux véhiculant rumeurs et fausses vérités (fake news) !
Les plus grands menteurs sont nos dirigeants, cacher la vérité c’est le secret même de l’action politique disait Machiavel.
Je ne lève pas la main droite, je ne jure pas de dire la vérité, toute la vérité, je mentirai encore, ne serait-ce que pour fabriquer un monde possible, grâce mon imagination et ma capacité créatrice. « La vérité est trop nue, elle n’excite pas les hommes » Cocteau.
« Comme la lumière (elle) aveugle, le mensonge, lui, est un beau crépuscule et met chaque objet en valeur » Albert Camus.
L’invitée du dimanche
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