So long Marianne

Cette fois le sort en est vraiment jeté. Après des années à s’envoyer des « i say yes, you say no », le divorce est consommé entre ceux que nous continuerons d’appeler « nos amis anglais », malgré les preuves de désamour, et les continentaux, parmi lesquels notre Marianne nationale, qui s’est fait une raison à ce départ. Car, après bien des années d’errance, comme aurait pu le chanter Brassens, le Royaume-Uni et nous ne sommes décidément d’accord que sur un seul point, la rupture.

Nous leur souhaitons bon vent sans pour autant comprendre les manifestations d’enthousiasme qui ont présidé à la séparation de la part de certains Britanniques qui croient plus que jamais aux bobards de la campagne du Brexit, bien que certains leaders ont reconnu qu’ils n’avaient pas le moindre fondement. Ils risquent fort de déchanter, mais cela ne nous sera pas d’un grand réconfort après un affaiblissement attendu de l’Union européenne. Il y a un point sur lequel nous aurions pu rejoindre les partisans du « leave », c’est celui du manque de respect des aspirations populaires par une bureaucratie et une technocratie éloignées des citoyens « de base ». En France aussi, on peut déplorer que les idéaux d’une Europe sociale et solidaire, et l’on pourrait ajouter désormais, écologique, ne soient pas au centre d’un projet commun. Malheureusement, nous divergeons sur ce point avec l’Angleterre, berceau du libéralisme, principal obstacle dans sa version « ultra » au développement d’une société juste et humaine.

Parmi les images et les symboles qui ont accompagné les cérémonies festives de ce départ, il en est une qui me parait résumer assez bien la situation. Vous l’avez peut-être aperçu à la télévision, c’est un Anglais de Londres qui veut mettre le feu à un drapeau européen et qui finit par y renoncer, car le tissu est vraisemblablement ignifugé, et qui cherche vainement quelqu’un à qui transmettre le flambeau. La parabole est cruelle. Les populistes tels que Nigel Farage ou Boris Johnson peuvent bien piétiner l’emblème de l’Union européenne, il n’est pas dans leur pouvoir de la détruire. Elle sera moins puissante avec 66 millions de Britanniques en moins, mais elle s’en remettra. Cet épisode pourrait même être salutaire s’il permettait aux dirigeants de réfléchir à un nouveau projet européen où les peuples auraient vraiment leur mot à dire. Plus on est nombreux, plus il est difficile de dégager un accord constructif. Le départ du Royaume-Uni devrait être l’occasion de se ressouder autour d’objectifs définis démocratiquement, en profitant de la nomination d’Ursula Von der Leyen à la présidence de la Commission européenne.

Commentaires  

#1 Josette 07-02-2020 09:30
Il n'y a que l'espoir qui fait vivre....
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