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Une vieille recette
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 13 janvier 2020 10:44
- Écrit par Claude Séné
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C’est bien connu, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Alors le vrai-faux retrait de l’âge pivot du projet de loi sur la réforme du régime des retraites, pour le remplacer par un âge d’équilibre encore plus défavorable aux salariés en le faisant passer pour un progrès ne devrait réjouir les papilles d’aucun véritable gastronome social. Il faut vraiment avoir très faim et soif de reconnaissance à la veille d’élections syndicales cruciales pour trouver quelque attrait à ce maigre brouet servi par le pouvoir en guise de repas.
La recette me fait penser à ce film de 1961, l’Arnaqueur, où le héros, champion de billard incarné par Paul Newman, engage ses victimes dans un engrenage infernal, pendant lequel il laisse gagner quelques parties à ses adversaires pour les mettre en confiance puis fait monter les enchères pour rafler la mise en découvrant sa vraie nature. Une fois les syndicats réformistes embarqués dans une négociation secondaire sur des questions subalternes de calendrier et de modalités de la réforme, ils seront bien incapables de peser sur les véritables enjeux dont le gouvernement espère détourner l’attention. Le raisonnement est pourtant à la portée d’un enfant d’école primaire : si la part des richesses consacrées aux retraites reste fixe et que le nombre de bénéficiaires augmente, chacun touchera moins. La solution évidente est donc d’augmenter le budget pour l’adapter aux nécessités du moment, en profitant par exemple des réserves accumulées par les différents régimes actuels. La dramatisation voulue par l’exécutif d’un déficit structurel du régime des retraites n’a qu’un but : forcer la main vers un système qui fera la part de plus en plus belle aux retraites complémentaires basées sur la capitalisation.
25 ans après l’Arnaqueur, sortait une suite, La couleur de l’argent, où le maître, Paul Newman, initiait l’élève, Tom Cruise, aux joies de l’embrouille et de l’escroquerie. Si les maîtres ont été nombreux, le disciple Macron a l’intention de les dépasser tous en saignant à blanc le pays pour le plus grand profit des groupes qui l’ont soutenu. Et l’argent, notamment celui des retraites, les Français « de base » n’en verront guère que la couleur, en effet. Le plus malheureux dans cette affaire, c’est que le président, en se précipitant dans un projet parfaitement dispensable alors qu’il n’y avait encore aucun péril en la demeure, au lieu de prendre le temps de bâtir un consensus, quitte à attendre quelques années supplémentaires, a créé un affrontement coûteux pour le pays et qui laissera des traces. Contrairement à ce qu’il affiche, le gouvernement fait le lit du Rassemblement national, qui se fait un plaisir de souffler sur les braises en feignant d’être du côté des petites gens et en développant ses thèses délétères sur l’identité nationale.