Une seule lettre vous manque…

… et tout est dépeuplé. Le président de la République a une nouvelle fois transgressé la règle qu’il avait lui-même établie, celle de ne pas s’exprimer sur un sujet domestique quand il se trouvait dans un pays étranger, et qu’il a invoquée chaque fois qu’il était embarrassé par une question et ne voulait pas y répondre. À moins qu’il ne considère que la zone du franc CFA, pourtant appelé à être remplacé par l’ECO, ne soit pas tout à fait l’étranger, par la vertu de l’opération Barkane où les troupes françaises sont comme chez elles.

Bref, alors que l’on attendrait de sa part une prise en compte du rejet massif de sa réforme, dû pour une bonne part au rejet non moins spectaculaire de sa personne et de ses méthodes, tout ce qu’il a trouvé à dire pour se donner le beau rôle dans un conflit qu’il a lui-même provoqué au pire des moments, c’est, je cite : « qu’il était bon de savoir faire trêve ». À une lettre près, il aurait approuvé, non pas une trêve, mais la grève, légitime quand les intérêts des salariés sont bafoués et leurs organisations syndicales méprisées. À moins qu’il n’ait voulu paraphraser, mal, la célèbre citation ressortie du placard pour les besoins de la cause, quand Maurice Thorez, le 11 juin 1936, déclarait : « il faut savoir terminer une grève », en oubliant le plus important, la fin de la phrase : « dès que la satisfaction a été obtenue ». Et la satisfaction, les Français en sont encore loin.

Croit-il mieux faire passer la pilule en faisant semblant de sacrifier sa propre retraite sur l’autel du régime à points ? L’annonce fait croire qu’il ne toucherait pas un euro après ses fonctions au palais de l’Élysée, alors qu’il ne s’est engagé qu’à une seule chose : réexaminer la loi de 1955 qui alloue aux ex-présidents une pension à vie de l’équivalent du salaire d’un conseiller d’État, soit 6220 euros bruts par mois actuellement. Il ne s’agit là que d’une posture, confirmée par l’annonce conjointe de son renoncement à siéger au Conseil Constitutionnel, qui le prive d’une indemnité mensuelle de 13 500 euros, destinée à convaincre les récalcitrants de son désintéressement. On sait très bien qu’un ancien président n’aura aucune peine à trouver des activités suffisamment rémunératrices pour pouvoir se passer de ce qui n’est pour lui que de l’argent de poche. Avant lui, François Hollande a déjà renoncé à siéger, et je n’ai pas connaissance qu’il en soit, pour autant, réduit à la mendicité. Ce non-évènement a donc toutes les allures d’un coup de com », dont je doute qu’il émeuve beaucoup dans les chaumières en cette période.