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On s’en fout
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 décembre 2019 10:31
- Écrit par Claude Séné
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J’avoue. Je me suis fait avoir par ce spot publicitaire entendu par hasard à la radio, dans lequel le rappeur Orelsan répète à l’envi ce slogan : « on s’en fout », tandis que des bruits de fond semblent évoquer un drame. Avec l’image, dans un noir et blanc anxiogène, on devine des corps meurtris, ballottés, des figures sombres. On croit comprendre qu’il s’agit de dénoncer l’indifférence de la société devant la misère humaine, avant de réaliser le double sens. Ce sont les bénévoles de Médecins du monde qui se moquent bien de l’origine et de la couleur de peau de ceux qui ont besoin d’eux.
« On s’en fout » est donc l’expression de la générosité, à laquelle appelle l’association, et non celle de l’égoïsme des plus favorisés, dont je fais partie. Il reste à chacun à apprécier ce qu’il peut ou doit faire, sans pour autant exonérer les états de leurs responsabilités propres. Mais ce, « on s’en fout », me parait aussi représenter l’attitude des élus de tout poil qui font passer leur légitimité élective avant les intérêts, les désirs ou les demandes de ceux qui la leur ont confiée. Prenons le cas de Donald Trump, par exemple. Fort d’une majorité relative au Sénat, et bien qu’il n’ait pas remporté le vote populaire lors de l’élection, il peut faire à peu près n’importe quoi, et il ne s’en prive pas. Malgré l’opposition d’un Américain sur deux, il n’en fait qu’à sa tête et pourrait même être réélu malgré les forts soupçons d’abus de pouvoir qui pèsent sur lui. Il s’en fout.
Tout autant que le pouvoir algérien, confronté à des manifestations massives hebdomadaires depuis un an. Il s’en moque. Les élections ont eu lieu et le nouveau président a été investi officiellement bien qu’il n’ait rassemblé qu’une minorité d’Algériens. Il va mettre en œuvre docilement le « programme » de la faction qui régnait par l’intermédiaire de Bouteflika, essentiellement se maintenir au pouvoir contre vents et marées pour conserver les avantages de la caste dirigeante. Les manifestants pourront bien continuer à envahir la rue tous les vendredis jusqu’à la fin des temps : ils s’en foutent.
Alors on souhaite bon courage aux organisations syndicales qui se disent elles-mêmes réformistes et qui pensent que ce président va leur faire des concessions, juste sur leur bonne mine. Je peux leur révéler un scoop : « il s’en fout ». Tout ce qui l’intéresse, c’est que l’histoire retienne son nom comme celui qui aura mis à genoux les syndicats pour passer à la postérité. Et que la « victoire » en trompe-l’œil des gilets jaunes ne nous abuse pas. Leur situation ne s’est pas améliorée, malgré un an de contestation : là-haut, on s’en fout !
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