La retraite pour les nuls

À deux jours de la grande grève contre la réforme des retraites décidée par le gouvernement sur ordre du président Macron, je vois bien que vous n’y comprenez plus rien, si tant est que vous ayez auparavant eu une idée plus ou moins précise de ce que vous préparait le pouvoir en place. Pas de panique, votre chroniqueur préféré est là pour décortiquer tout ça et vous indiquer à quelle sauce vous allez être mangé. Le repas sacrificiel, c’est sûr, il reste à concocter l’assaisonnement pour masquer le goût amer de la pilule.

Le constat est simple. Basique, même. Plus de retraités, moins de sous. L’espérance de vie augmente, et c’est tant mieux. Il y aura donc plus de bouches à nourrir, tandis que le travail se raréfie, surtout pour les seniors. D’où l’idée lumineuse de ponctionner les caisses des régimes dits spéciaux, pour financer le régime dit général. Évidemment, vu comme ça, personne ne sera volontaire pour subventionner le voisin, et abandonner ce qui le plus souvent compense d’autres inconvénients liés à la fonction. Alors, on va masquer tout ça par un chamboule-tout dans lequel chacun repart à zéro, et l’on va brandir la justice sociale pour dissuader quiconque de défendre son bout de gras. Tout le monde pareil. Enfin, le balayeur touchera une retraite de balayeur, et le PDG une retraite de PDG, hein ? Faut pas exagérer quand même. Ça, c’était l’annonce de base. Et puis si l’on rentre dans les détails, le gouvernement rassure : bien entendu que si l’on est militaire ou gendarme on partira en retraite plus tôt. Ah ! oui, mais alors il faudra des points « gratuits » pour garder un niveau convenable de retraite. Pareil pour les femmes, dont les carrières sont souvent raccourcies ou amputées par des temps partiels subis.

Alors le gouvernement et le président, qui retardent autant qu’ils le peuvent les annonces de leurs projets dans le détail, laissent entendre des mesures correctives qui reconstitueront grosso modo les régimes spéciaux qui auront été supprimés dans un premier temps. Sous couleur de concertation, Macron gagne du temps. Était-il bien nécessaire de lanterner les corps constitués pendant 18 mois pour tout reprendre depuis le début, affoler les populations, braquer les organisations syndicales, pour n’en faire qu’à sa tête au bout du compte ? On voit venir, gros comme une maison, le moment où le Président Macron expliquera benoîtement que le temps de la décision est venu et que dans l’intérêt général il faut faire ce qui lui conviendra, afin de remettre au travail ceux qu’il a provoqués volontairement pour faire passer sa réforme. À moins que les « nuls », comme vous et moi, soient suffisamment nombreux pour faire capoter une réforme dont il est bien le seul, avec Laurent Berger, à ressentir l’impérieuse nécessité.

Commentaires  

#1 jacotte86 03-12-2019 11:27
vive 1995...
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