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Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 23 novembre 2019 11:09
- Écrit par Claude Séné
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« Des lances et de la grande échelle… pas de panique il nous les faut ! » Je vous l’accorde, quand Sacha Distel chantait en 1966 L’incendie à Rio sur un air de Bossa nova, il n’apportait pas une contribution décisive au Panthéon de la littérature francophone. C’est pourtant l’image qui me vient à l’esprit quand j’observe les efforts désespérés de notre président capitaine des pompiers, assisté de son gouvernement recyclé en brigade du feu qui tente tant mal que bien d’éteindre les foyers avant la grande journée d’action du 5 décembre.
J’entends les commentateurs avisés de la vie politique et sociale nous expliquer les uns après les autres « qu’ils ne croient pas » à la fameuse convergence des luttes appelée de leurs vœux par les opposants au régime sec de Macron. En réalité, il faut comprendre qu’ils la redoutent et qu’ils tentent de se rassurer en pratiquant l’exorcisme et l’incantation comme un gamin peu rassuré qui sifflerait dans le noir. Et à mon tour, je me risque au pronostic : oui, ils ont raison de remarquer que les mécontents défendent surtout leurs propres revendications et qu’ils ne cherchent pas spécialement à construire un front uni, et non, cela n’est pas moins risqué et dangereux pour le pouvoir en place. Si le gouvernement cherche à éteindre les foyers d’incendie avant qu’ils ne deviennent incontrôlables, c’est bien parce que la contestation fait feu de tout bois. Faute de mettre des moyens suffisants pour éteindre durablement la grogne dans les transports, l’enseignement, la jeunesse, la santé, les étudiants, etc. le risque de reprise d’un feu même pas sous contrôle est très élevé. Voilà trop longtemps que le feu couve sous la cendre. Le pouvoir actuel, s’il n’a pas créé les conditions de cet embrasement, n’est visiblement pas préparé à lutter contre le brasier qui en résulte.
Le risque majeur, c’est la réforme des retraites qui est en train de mettre le feu aux poudres. Elle concerne tout le monde, directement ou indirectement, et chacun se demande combien il va y perdre. Le président aura beau essayer de monter les Français les uns contre les autres en pointant du doigt les « privilégiés » que seraient les cheminots ou les fonctionnaires, il n’empêchera pas l’inquiétude devant une réforme chaque jour plus incompréhensible, au point que même la CFDT a renoncé à la défendre. Macron souhaite plus de justice et d’équité devant la retraite. Chiche ! il y a un moyen très efficace d’y parvenir, c’est de supprimer ou d’atténuer fortement les injustices criantes entre les citoyens quand ils sont en activité. Et leur permettre pour commencer de gagner dignement leur vie avec un emploi stable. Un salaire décent, égal entre femmes et hommes. Une couverture sociale accessible à tous. Ce ne sont pas les chantiers qui manquent pour de vraies réformes.