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Bouts de chandelles
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 15 novembre 2019 10:38
- Écrit par Claude Séné
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Devant l’ampleur de la mobilisation des personnels de santé, déterminés à obtenir une revalorisation conséquente des rémunérations et une augmentation massive des effectifs et des dépenses nécessaires au bon fonctionnement de l’hôpital public, le président de la République s’est fendu d’un discours compassionnel comme il en a désormais le secret, avant de refiler le bébé au Premier ministre, chargé de trouver des solutions et de les annoncer en moins d’une semaine. Et cela alors que la ministre de la Santé a promis à deux reprises un « plan » notoirement insuffisant pour calmer la grogne et que le budget de la Santé est en pleine discussion au Sénat.
Parmi les mesures envisagées, l’état pourrait éponger tout ou partie de la dette colossale de l’hôpital, qui se monte à 30 milliards. La France pourrait aussi s’affranchir de la règle des 3 % du PIB comme limite au déficit de l’état, pour investir massivement dans la rénovation des infrastructures médicales. Mais tandis que dans les hautes sphères on manipule allègrement les milliards, dont l’emploi n’amène pas nécessairement un mieux-être pour la population, des petites mains s’ingénient, jour après jour, à trouver des économies en rognant sur les dépenses courantes, faisant ainsi porter aux Français le poids des économies de bouts de chandelles qui sont autant d’impôts déguisés. C’est dans cet esprit qu’il convient d’apprécier la dernière note de la Haute autorité de santé qui « ne recommande pas » le recours à la kiné respiratoire, pourtant largement utilisée dans les cas de bronchiolite chez les nourrissons.
Je n’ai pas trouvé d’étude permettant d’évaluer le coût de cette prestation, mais je suis prêt à parier que le ministère de la Santé, lui, le sait, et qu’en tout état de cause, il escompte une économie, même modérée. Ce qui est sûr, c’est que la bronchiolite touche 480 000 bébés par an et que le recours à la kiné respiratoire est plébiscité par une grande partie des médecins. Pour noyer le bébé avec l’eau du bain, la HAS avance que son efficacité n’a pas été prouvée scientifiquement, exactement le même argument que pour dé rembourser l’homéopathie récemment. Par glissement sémantique, la non-recommandation s’est transformée en pratique « déconseillée », et même « dangereuse », au grand dam des kinésithérapeutes, dont la pratique a fait ses preuves et continuera. La différence, c’est que ce seront les parents et certaines mutuelles qui paieront l’intégralité des soins. La HAS fait aussi valoir que nous sommes les seuls, avec la Belgique, à utiliser massivement cette méthode et que les autres pays ne s’en portent pas plus mal. Puis-je lui faire observer qu’un pays comme la Belgique, précisément, a pu se passer de gouvernement sur de longues périodes sans que les affaires, et les citoyens, en souffrent outre mesure ? Et que les frais de fonctionnement de la HAS, si faibles soient-ils, pourraient aisément être affectés à des tâches plus utiles.