Les histoires d’A.

« Les histoires d’A. Les histoires d’A. Les histoires d’amour finissent mal, en général » chantaient les Rita Mitsouko en 1986. Croyez-le ou non, les histoires d’argent aussi. Oh ! au début, c’est souvent comme un mariage, tout nouveau tout beau. On entend beaucoup parler des fiançailles de Renault avec le groupe italo-américain Fiat-Chrysler, comme si l’entreprise française n’était pas déjà mariée avec le japonais Nissan, faisant même un ménage à trois avec Mitsubishi. Il est vrai que le couple franco-japonais bat sérieusement de l’aile depuis quelque temps et que la polygamie est monnaie courante dans ce milieu dissolu.

Si les noces ont lieu, le nouveau groupe sera un mastodonte dans son domaine et les syndicats craignent à juste titre que les violons du bal soient encore payés par les salariés, en réalisant ce que l’on appelle pudiquement des économies d’échelle, en clair qu’on licencie les titulaires des postes similaires. Sans compter l’usure des couples. De la même façon qu’en France 45 % des mariages se terminent par un divorce, il n’est pas rare que des restructurations dispersent les activités au gré de la conjoncture. Des marques réputées partent ainsi à la poubelle, sans profit pour personne, excepté les actionnaires qui ont saigné à blanc les entreprises concernées, jusqu’au dernier os à ronger. Et même après leur mort, elles sont encore victimes de nécrophages. J’en veux pour preuve le destin de l’usine Alsthom de Belfort, « sauvée » in extremis, rachetée par General Electric contre promesse de la création de 1000 emplois, qui, 5 ans plus tard, est menacée de licenciements massifs. Non seulement la firme américaine n’a pas créé les emplois promis, ce qui lui a valu une pénalité de 50 millions d’euros, mais elle compte en supprimer 1050, pour préserver la rentabilité et les dividendes servis aux actionnaires.

Et ce n’est pas un cas isolé. L’usine Whirlpool d’Amiens, reprise par un industriel local, est à nouveau en grande difficulté. Quant à l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve, son repreneur potentiel, British Steel, est lui-même en passe de devoir déposer le bilan, à moins d’un sauvetage du gouvernement anglais, en sursis pour cause de Brexit. Toutes ces péripéties sont loin d’être anecdotiques pour les milliers de salariés concernés, dont toute la vie tourne autour de la survie de leur entreprise, dans un marché du travail déprimé malgré une légère embellie. Ils sont ainsi ballotés, en fonction des profits immédiats. Que le cours du sucre baisse à la Bourse, et ce sont 130 emplois directs qui risquent de disparaitre des usines Saint-Louis appartenant à l’Allemand Südzucker, sans compter les producteurs locaux de betterave qui seront ruinés du jour au lendemain. Longue vie au libéralisme !

Commentaires  

#1 jacotte.july 30-05-2019 10:54
et que dire de nos éleveurs de porcs qui perdent de l'argent tous les jours, étranglés par la grande distribution qui ne veut augmenter ses prix d'achat?
il n'y a plus de moral!!!
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