Une enquête honorable

Qu’est-ce que c’est qu’une enquête honorable pour Donald Trump ? C’est tout simple, c’est une enquête qui conclut que le président des États-Unis d’Amérique n’a rien à se reprocher. Et c’est le cas de celle menée par le procureur spécial Robert Mueller, dont il était prêt à dire pis que pendre et qui s’est trouvé miraculeusement réhabilité par la vertu de ses conclusions favorables. Le président orange s’est hâté, comme à son habitude, de claironner les résultats du rapport Mueller en tirant honteusement la couverture à lui et en présentant les éléments à sa manière.

Il faut espérer qu’il y a plus d’un paon à la Maison-Blanche pour permettre à son occupant de se parer de ses plumes, car le premier doit être tout près d’être totalement dépourvu de ses attributs. Même s’il est incontestable que le rapport est favorable à Donald Trump, il faut lire attentivement la formule employée, qui précise que les investigations n’ont pas permis d’apporter de preuves que l’équipe de campagne s’est entendue avec la Russie pour discréditer la concurrente démocrate du président actuel. En ce qui concerne l’obstruction possible à l’action de la justice, les choses sont encore plus claires puisque le rapport conclut en toutes lettres que si l’on ne peut pas démontrer qu’il y a eu un délit, cela ne disculpe pas Donald Trump pour autant. Autant de nuances balayées par le triomphalisme présidentiel et la simplification à outrance imposée par le vecteur habituel du président, qui twitte toujours plus vite que son ombre. Il faudra attendre la publication de l’intégralité du rapport pour en savoir plus, mais cela prendra des semaines ou même des mois, et l’opinion sera passée à autre chose, à des sujets autrement plus intéressants que la forfaiture possible d’un président en exercice, tels que le supposé sosie de Mélania, chargée de la remplacer quand elle se fait porter pâle.

Ce serait risible si le sort du monde ne reposait pas sur les mouvements d’humeur de quelques dirigeants. Donald Trump en fait partie. Il y a peu, on se demandait s’il pourrait terminer son mandat sans être l’objet d’une procédure d’impeachment, et désormais sa réélection semble de plus en plus probable. On ne peut que se féliciter que la constitution des États-Unis limite à deux mandats consécutifs la fonction présidentielle. Il n’en va pas de même pour les deux autres maitres du monde que sont Xi Jinping et, dans une moindre mesure, Wladimir Poutine, qui ont réussi à obtenir les pleins pouvoirs à vie, et dont la santé est malheureusement insolemment florissante. Un exemple à ne pas suivre quand on a la chance, ou la malchance, d’avoir un président quarantenaire.