Les petits plats dans les grands

À l’occasion de la visite du dictateur, pardon, du dirigeant de la plus grande démocratie du monde en termes de population, la République française avait déroulé son plus beau tapis rouge, sorti l’argenterie et les petits fours pour une réception fastueuse. La rencontre ayant lieu à Nice, il n’était pas question de laisser quelque trublion que ce soit perturber les cérémonies ni même laisser entendre qu’en France on ne savait pas museler les opposants aussi bien que dans l’Empire du Milieu. À cet effet, les manifestations avaient été interdites dans le centre de la ville.

De toute manière, après le fiasco des Champs-Élysées de la semaine précédente, où les forces de l’ordre, dépassées et soumises à un commandement très largement en dessous du niveau exigé par la situation, avaient laissé les éléments les plus violents s’en prendre aux commerces, et notamment aux symboles du luxe et de l’injustice sociale, le gouvernement ne pouvait pas se permettre un nouvel échec. Le ministre de l’Intérieur (et des boîtes de nuit) pouvait donc annoncer fièrement qu’il n’y aurait pas de nouvelle non-engueulade du président et que la situation avait été globalement sous-contrôle. Encore heureux ! Quand on mobilise 65 000 gendarmes et policiers, sans compter les 10 à 15 000 militaires de l’opération sentinelle rappelés en renfort pour assurer la garde statique des bâtiments au risque de devoir tirer dans le tas en cas d’affrontements violents, pour contenir des manifestants au nombre de 40 000 selon les chiffres officiels, ce serait quand même un comble de ne pas y parvenir.

Mais tout cela a un coût, et pas seulement financier. La mobilisation de samedi dernier montre une légère augmentation, qui indique que le mouvement n’est pas près de s’arrêter, alors que les chargés du maintien de l’ordre s’épuisent à coup d’heures supplémentaires. Et ce qui devait arriver s’est produit. Une septuagénaire a été blessée dans une bousculade à Nice du fait de la charge des policiers contre les manifestants, qui à ce moment, n’avaient d’autre tort que de se trouver dans un lieu interdit. L’effet sur l’opinion de cet incident, qui aurait pu être plus lourd de conséquences, ne peut être que désastreux. Voilà un pays soi-disant libre et démocratique, qui pourrait vouloir donner des leçons en matière de droits de l’homme au dirigeant chinois qui vient lui rendre visite, empêtré dans une affaire très malheureuse. Quelle image donnons-nous en bousculant une vieille dame au lieu de l’aider à traverser la rue ? Et ce n’est pas l’affligeante déclaration du chef de l’état qui ironise avec condescendance sur la manifestante qui l’aurait finalement bien cherché qui va arranger ses affaires.

Commentaires  

#1 jacotte86 25-03-2019 11:14
quand un jeunot de 40 ans se permet de morigéner et conseiller une septuagénaire on rêve sa "mamman" ne lui a pas appris qu'on devait le respect aux ainés?
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