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Désuétude
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 25 octobre 2018 10:18
- Écrit par Claude Séné
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Mercredi 24 octobre 2018, 19 h 38. Le journal national de FR3 est présenté par Virna Sacchi. Après des broutilles de lettres piégées envoyées à des personnalités démocrates aux États-Unis, la journaliste aborde le sujet de la législation applicable aux mineurs en France. Avec un brin de commisération, elle nous annonce en substance que celle-ci date sérieusement et qu’il serait grand temps de dépoussiérer tout ça. Figurez-vous que la loi remonte à 1945 ! Ben oui. Tous ceux qui s’intéressent peu ou prou à la question se souviennent des ordonnances de 1945, dont celle concernant la protection de l’enfance et l’enfance délinquante.
L’esprit de cette ordonnance, qui semble soudain gêner aux entournures le gouvernement, c’est la primauté de l’éducatif sur le répressif. Une des dispositions les plus importantes concerne l’excuse de minorité, qui divise par deux le quantum de peine applicable quand elle est retenue. Au moment où des faits divers sensibilisent l’opinion sur les violences mettant en scène des adolescents, il est de bon ton de faire étalage de fermeté. Je ne jette pas la pierre à la journaliste du JT. Elle reflète un air du temps où l’électoralisme revient régulièrement avec son cortège de démagogie, et reprend le discours de la ministre de la Justice, qui, sous couleur de modernisme, propose un retour en arrière inspiré des bagnes pour enfants avec une sévérité exemplaire.
Si l’ordonnance sur la protection de l’enfance est désuète, alors pourquoi ne pas supprimer également la Sécurité sociale, qui date aussi de cette période et qui a été instaurée par le Conseil national de la résistance ? Et pendant qu’on y est, n’oublions pas que les congés payés ont été inventés par le Front populaire et remontent donc à 1936 ! Ça sent le renfermé tout ça. Pour les retraites, c’est en bonne voie : le projet de réforme va donner un sérieux coup de balai dans ce secteur. Alors, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il y a un texte qui nous empêche souvent d’avancer, et qui est encore plus ancien que tous ceux dont je viens de parler : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui remonte, tenez-vous bien, à 1789 et la Révolution française. Vous me direz, à juste titre, que ses dispositions sont plus des déclarations de principes que des concepts opérationnels. Il n’empêche que de simples citoyens sont incités à s’en prévaloir et à en demander l’application, par exemple la revendication de la liberté dans laquelle ils sont supposés naître et demeurer. Puisque ces principes sont bafoués quotidiennement, il serait plus clair de les abroger purement et simplement et les remplacer par une déclaration des devoirs et obligations dont notre société est de plus en plus pétrie.
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