Celui qui a mal tourné
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 27 août 2018 10:08
- Écrit par Claude Séné
J’emprunte le titre de cette chronique à l’inépuisable Georges Brassens pour illustrer les dernières déclarations du premier ministre sur le budget à venir et les arbitrages qu’il faut en attendre. Certains observateurs politiques imaginaient déjà que le gouvernement pourrait être tenté de donner un coup de barre à gauche pour compenser les mesures de droite dont il nous a abondamment abreuvés depuis son entrée en fonction. C’était faire preuve de naïveté ou prendre ses désirs pour des réalités.
À force d’affirmer que les notions de droite et de gauche faisaient partie de l’ancien monde, il fallait s’y attendre, le premier ministre est devenu incapable de distinguer entre les deux et le virage qu’il s’apprête à négocier sera toujours dans le mauvais sens et tapera à nouveau sur les mêmes catégories, les retraités et les fonctionnaires, pour faire simple. Mais que les autres ne se réjouissent pas trop vite. S’il n’est pas prévu de nouveaux cadeaux aux plus riches, c’est déjà fait, il va falloir trouver des économies un peu partout, rares seront les épargnés et surtout pas les épargnants, dont les économies vont fondre encore plus rapidement avec le retour de l’inflation. Avant qu’Édouard Philippe torde le cou aux rumeurs de virage à gauche, le gouvernement nous a gratifiés d’une petite pantomime dont il a le secret avec deux ministres dans le rôle des personnages principaux. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, était chargée d’incarner le « good cop », prête à faire casquer les entreprises pour renflouer la sécu en leur faisant payer les 4 premières journées d’arrêt maladie. Un projet très mal reçu, on s’en doute, par le MEDEF. De son côté, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, faisait observer avec une certaine candeur que cette mesure casserait « la perception d’un gouvernement pro-business », jouant ainsi le rôle du « bad cop », à moins que ce ne soit l’inverse.
Peu importe, cela occupe le bon peuple, qui crie : « guignol ! guignol ! guignol ! » en attendant l’arrivée du sauveur providentiel, celui qui va éteindre une polémique qu’il a lui-même suscitée. Et en effet, bad cop et good cop sont tous les deux dans le même bateau, qui menace de chavirer. S’ils tombent à la mer, ce sont les Français qui se retrouveront le bec dans l’eau. Des Français pourtant gagnés par le scepticisme. Ils ne sont plus que 37 % à faire confiance à Emmanuel Macron. À force de virages successifs à droite, dont l’efficacité est très incertaine, de plus en plus d’entre eux se rendent compte que l’on finit par tourner en rond.
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