Le gîte et le couvert
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 21 août 2018 10:37
- Écrit par Claude Séné
Ne serait-ce pas la première et la plus criante des inégalités ? Celle que l’on subit par rapport au logement ? Il aura fallu un incendie pour que l’on découvre dans quelles conditions étaient hébergées une vingtaine de personnes, habitant un logement apparemment totalement illégal et clandestin. Selon toute vraisemblance, il n’était pas plus aux normes de sécurité que ceux des riverains qui se sont fait connaître spontanément aux équipes de télévision venues « couvrir » l’évènement. Si les pouvoirs publics semblent découvrir ces situations, c’est qu’ils n’ont guère fait d’efforts pour les débusquer.
Des habitants du quartier ont accepté de montrer ce qu’il faut bien appeler leurs appartements, bien que le terme approprié serait plutôt celui de taudis ou de galetas. À la fois exigus, insalubres et dangereux. Des infiltrations d’eau, des installations électriques défectueuses, toutes les conditions réunies pour provoquer ou aggraver des accidents domestiques. Le tout pour des prix exorbitants, compte tenu des éléments de « confort » et de la faiblesse des revenus de ceux qui doivent s’en contenter. C’est déjà un petit miracle que l’incendie de dimanche n’ait fait que 22 blessés dont six sont cependant dans un état grave. Un miracle assisté pourrait-on dire, car il a beaucoup à voir avec le courage et le dévouement de certains jeunes du quartier, souvent stigmatisés, qui ont permis d’évacuer les deux familles concernées en prêtant main-forte aux policiers et aux pompiers.
Le nerf de la guerre, une fois de plus, c’est évidemment l’argent. Les familles mal logées sont souvent sans autres ressources que les minima sociaux, et selon la situation géographique, les loyers peuvent atteindre des montants stratosphériques. L’étude annuelle de l’UNEF sur le prix des logements étudiants en donne une image saisissante. En moyenne, un étudiant doit dépenser plus de 800 euros pour se loger à Paris, alors qu’il peut se contenter d’un budget de 350 euros à Limoges, Poitiers, Le Mans ou Brest. Ce n’est évidemment qu’un exemple, la situation des étudiants, même pauvres, étant sans commune mesure avec celle des mal-logés en général. Pour eux, conserver un logement, aussi médiocre soit-il, est le dernier rempart contre la déchéance qui consiste à devoir dormir dans son véhicule, quand on a encore les moyens de se le payer, ou pire se retrouver à la rue, avec toute la précarité que cela représente. Il ne suffit pas de voter des textes au nom ronflant tel que la loi « élan » pour résoudre le problème posé par les quelque 5 millions de Français en mal d’un logement décent. Il faut y mettre les moyens, et non pas les rogner sournoisement comme ce gouvernement avec les APL, accusées de la rage et condamnées à finir noyées dans des réformes absconses.
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