Du côté des classiques
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 8 juillet 2018 10:10
- Écrit par L'invitée du dimanche
Les mois d’été, comme les grands médias, s’autorisant pour leur confort à changer leur programme avec des rediffusions, recherchant ce même confort, je m’autorise pour plus de facilité à choisir un thème pour toute la saison, m’évitant les affres de la recherche d’une idée. Après avoir voyagé dans les îles, exploré les péchés du monde, la poésie, et le domaine des émotions, j’irai à la rencontre des héroïnes (le sujet est dans l’air du temps) du théâtre classique.
Je commencerai par celles de Molière.
Qu’elles soient précieuses ou savantes, bourgeoises ou servantes, elles sont souvent le personnage central de ses comédies, lui permettant d’être un féministe révolutionnaire pour l’époque au-delà des apparences parfois trompeuses, ne cachant pas son souhait d’une éducation équivalente pour les deux sexes en prêchant pour l’émancipation féminine.
Dans la première comédie, on pourrait dire la première farce, écrite en 1659, Molière fait une place à deux héroïnes, Cathos et Magdelon, et rien dans son titre « Les précieuses ridicules » ne semble annoncer une grande sympathie pour les femmes et pourtant…
Même s’il paraît difficile de penser que Molière a de la sympathie pour ces héroïnes, dont le tort est de confondre la réalité et la fiction, attendant l’amour sous les traits d’un héros du roman précieux, et poussant à l’extrême l’extravagance de leurs costumes, les marques de politesse excessive, on peut penser qu’il leur rend grâce à travers ces excès de chercher la reconnaissance de leur statut de sujet. Malgré leur manque de mesure, de naturel, à travers leur préciosité, leur désir de raffinement, on peut voir autant de signes de recherche d’émancipation, de liberté et du droit à l’amour.
Leur exigence qu’on leur fasse la cour avant qu’on leur demande le mariage, est une preuve qu’elles souhaitent être respectées et n’être la propriété de personne.
Le refus de ce même mariage décidé en dehors de leur choix, fait d’elles des rebelles capables de s’opposer à la tyrannie paternelle, même si la motivation de cette révolte est naïve.
Cathos et Magdelon sont l’arbre qui cache la forêt, les deux cousines, trop jeunes et trop romantiques, qui au surplus ont découvert la solidarité féminine, n’ont servi que de prétexte à dresser une satire sociale des extravagances des coteries parisiennes. Molière ne s’en prend aucunement aux vraies précieuses, femmes intelligentes de haute noblesse, telles que Madame de Scudéry ou Madame de Rambouillet dont il fréquente les salons et malgré les outrances caricaturales d’un mouvement de revendication féminine audacieuse, retenues par Molière, on devine en germe, les héroïnes de l’École des Femmes et des Femmes Savantes que nous rencontrerons bientôt.
L’invitée du dimanche