De quel Grenelle je me chauffe

Nous avions connu avec Sarkozy la période « un fait divers, une loi », destinée à faire croire aux Français que le gouvernement ne restait pas inactif et qu’il était toujours prêt à dégainer son arsenal législatif pour résoudre les problèmes qu’il avait été incapable d’empêcher de survenir. Et quand la loi était votée et que la situation ne s’était pas améliorée, il suffisait d’en proposer une autre, en espérant que de l’empilement législatif surgirait la lumière. Mais ça, c’était l’Ancien Monde, avant que n’advienne le règne du « en même temps » et du ni gauche ni gauche.

Justice pour tous ?

« Les animaux malades de la peste », que je vous invite à relire, est la première fable apprise par cœur, jamais oubliée, sûrement à cause de sa morale finale dans tout le monde se souvient :

« Selon que vous serez puissants ou misérables les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs », je ne vais avoir aucun mal à vous en prouver l’actualité, presque cinq siècles plus tard.

Quantum de peine

C’est par ce terme un peu barbare que la justice désigne la sanction encourue pour un crime ou un délit. C’est ce que la société estime justifié d’infliger à une personne reconnue coupable en punition de sa faute, et se distingue des sanctions financières ou autres, destinées à « réparer » le préjudice subi par la victime, si tant est que ce soit possible. J’ai été frappé de constater la disparité des peines encourues dans deux affaires qui font la une de l’actualité récente.

Fausses notes

On se souvient encore de l’affaire du « vrai faux passeport » délivré à Yves Chalier en 1986 grâce à Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur, pour lui permettre d’échapper à la justice dans le scandale du Carrefour du développement. Le faux passeport était plus vrai que les vrais puisqu’établi par les services officiels, en toute illégalité. Les responsables de ce déni de justice ne seront jamais poursuivis, en vertu d’un « secret défense » de complaisance. Le ministre de l’Éducation, en vrai faux jeton qu’il est, a imaginé un dispositif pour contourner le mouvement de grève des correcteurs du bac, aussi tordu que contraire à toutes les règles.