Merci, mercy, merci
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 29 décembre 2016 10:19
- Écrit par Claude Séné
Ce titre franco-anglais m’a paru le plus approprié pour rendre compte de la décision de François Hollande d’accorder une grâce présidentielle totale et immédiate en faveur de Jacqueline Sauvage. En effet, le mot anglais mercy signifie « pitié », « grâce » ou « miséricorde », comme dans la chanson de Léonard Cohen « sisters of mercy », les sœurs de la Miséricorde. C’est d’ailleurs ce sens qui subsiste dans des expressions vieillies où le mot merci est employé au féminin, comme demander merci, ou être à la merci de quelqu’un.
Merci donc au Président d’avoir fait usage de ce droit que certains, dont lui-même, jugent exorbitant, et comparable au droit de vie et de mort d’origine monarchique. Si, sur le principe, ce droit est contestable, en l’espèce, et s’agissant du cas particulier de Mme Sauvage, son application est pleinement justifiée. L’opinion n’aurait pas compris que l’on puisse dispenser de peine Mme Christine Lagarde, reconnue coupable de négligence dans l’exercice de ses fonctions, et maintenir en prison une femme, certes coupable d’homicide, mais aussi victime de mauvais traitements de la part d’un mari et d’un père abusif. En accordant une grâce partielle en janvier, François Hollande pensait probablement avoir trouvé un point d’équilibre entre l’humanité que lui inspirait le sort de Jacqueline Sauvage et de ses trois filles, victimes elles aussi, et le respect de la fonction judiciaire, à qui revenait le dernier mot. C’était compter sans l’acharnement de quelques juges, arque boutés sur leurs prérogatives, incapables de saisir l’opportunité d’une sortie digne où chacun pouvait trouver son compte.
Le droit a été rappelé, la condamnation prononcée. Qu’est-ce que la société et la Justice auraient eu à gagner à maintenir cette femme derrière les barreaux ? Si l’on considère le danger que pourrait constituer Mme Sauvage, il est nul puisque son seul bourreau n’est plus là. Concernant la notion de sanction ou de réparation d’une faute commise, ne peut-on pas admettre que si une peine de 10 ans de prison lui permettait de régler sa dette envers la société, Jacqueline Sauvage, avec ses 40 ans de sévices subis, a payé d’avance, et au-delà ? Quant à l’argument selon lequel elle n’aurait pas suffisamment pris conscience de la gravité de ses actes, je ne vois pas ce que quelques années de prison pourraient garantir de ce côté, et la Justice, si scrupuleuse à sonder les cœurs et les âmes dans ce cas précis, n’en demande pas tant aux criminels les plus endurcis. François Hollande a donc tranché, en son âme et conscience, débarrassé de toute contrainte de réélection, comme on aurait souhaité qu’il le fasse tout au long de son quinquennat en mettant en œuvre le programme sur lequel il avait été élu, contre son ennemi : la finance. Alors, pour cela, merci !