Nous sommes Berlin

En attendant d’être Londres, Rome ou Varsovie. Après avoir été Paris, Nice ou New York. Le terrorisme peut frapper n’importe où. Les cibles potentielles sont innombrables et le risque zéro n’existe pas. Cette fois encore, ce sont des citoyens paisibles qui venaient faire quelques emplettes de dernière minute ou tout simplement se promener dans ce marché de Noël qui ont été victimes, selon toute vraisemblance, d’un acte barbare : comme à Nice, un camion fou qui fonce dans la foule, faisant au moins 12 morts et 48 blessés.

Berlin a été frappé en plein cœur de la ville, au pied de la célèbre église du souvenir, en partie détruite, qui pour moi symbolise la capitale, au même titre que la porte de Brandebourg, la statue d’Else ou le palais du Reichstag. Le marché se tenait à deux pas du Ku’damm, l’artère la plus commerçante de Berlin, et le bilan aurait pu être encore plus lourd. En Allemagne, comme en France, les critiques ne vont pas manquer de pleuvoir sur les autorités. Déjà, quelques voix font état des « victimes d’Angela Merkel » en attribuant à la Chancelière la responsabilité de l’attentat du fait de sa politique d’accueil des réfugiés. En France, on cite souvent en exemple notre voisin allemand pour souligner les carences supposées de notre société et l’on vante l’organisation et la discipline de nos cousins issus de Germains. Nous constatons malheureusement qu’elles ne les mettent pas à l’abri d’actes fous s’appuyant sur une logistique simplifiée comme celui-ci. Le camion a peut-être été volé ou emprunté de force par un terroriste afghan se faisant passer pour pakistanais, sans antécédent du type des fameuses fiches « S » sujets de polémique en France. On a d’ailleurs retrouvé le corps du chauffeur polonais qui semble hors de cause dans la cabine, tandis que le « kamikaze » qui conduisait le camion était arrêté un peu plus loin grâce à un témoin à la fois courageux et efficace.

Ce probable attentat terroriste a relégué au second plan ce qui aurait sans doute été l’évènement le plus important de la journée : l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, unanimement condamné par les chancelleries du monde entier. Cette fois, le crime a été revendiqué par son auteur, un policier qui n’était pas en service, mais qui a profité de son statut pour s’infiltrer dans l’entourage de l’ambassadeur et le tuer de plusieurs coups de feu. Toutefois, son geste pourrait être un acte isolé, si l’on considère que la Russie n’a pas démontré de grande bellicosité à l’égard de l’état islamique, préférant concentrer ses attaques sur les opposants au régime syrien. L’un comme l’autre évènement démontre que l’hydre djihadiste est encore loin d’être vaincue.