49.3
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 16 décembre 2016 09:49
- Écrit par Claude Séné
Le nom de cet article de la Constitution claque comme un calibre d’arme à feu. Un 6.35 par exemple. L’ancien Premier ministre devenu candidat l’a d’ailleurs utilisé à 6 reprises pour faire passer en force des lois dont la représentation nationale ne voulait pas, et la population non plus, ce qui est pire. Après en avoir menacé les députés récalcitrants, Manuel Valls a « dégainé » son arme de dissuasion massive, comme on l’a dit à l’époque. Il balayait d’un revers de main tous les arguments des grincheux qui considéraient l’exercice comme antidémocratique.
Le raisonnement était d’ailleurs beau comme l’antique. Puisque l’article en question fait partie de la constitution, que la constitution est un élément de notre démocratie, alors le 49.3 est parfaitement démocratique. Mais, ça, c’était avant. Quand le vilain Premier ministre Valls était solidaire du méchant président Hollande. Par la magie de la démission et depuis qu’il a revêtu les habits de lumière du candidat, ses yeux se sont dessillés, et il a pris conscience d’une évidence toute bête. Une constitution n’est rien d’autre qu’une règle commune que se donnent les citoyens d’un même pays. Elle n’est pas gravée dans le marbre à la manière des tables de la loi et des 10 commandements. Ce que l’homme a fait, l’homme peut le défaire. Il suffit donc de la changer, cette sacrée constitution, si l’on trouve que ses dispositions sont contraires à l’esprit sinon à la lettre de la démocratie.
Mouais. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, comme je l’ai toujours dit. Cependant, la conversion est d’une rapidité stupéfiante. Tous les Français connaissent le caractère autoritaire du candidat, qu’ils l’apprécient ou pas. Son parcours me rappelle étrangement celle d’un certain Nicolas S. qui nous affirmait à chaque nouvelle échéance qu’il avait changé, qu’il avait appris de ses erreurs et qu’on allait voir ce qu’on allait voir. À force de tirer sur la corde sensible, elle a fini par céder. Comme son homologue, Manuel Valls se juge l’héritier naturel de sa famille politique, il a répété inlassablement pour dissuader Hollande de se représenter qu’il était prêt. À présent, nous connaissons la suite de la phrase. En effet, il est prêt. Il est même prêt à tout, jusqu’à changer de religion comme Henri IV pour accéder à la magistrature suprême. L’Élysée vaut bien une messe. Je doute fort que le peuple de gauche croie à sa conversion, mais si c’était le cas, le chemin serait encore très long. Et s’il arrivait à ses fins et qu’il proposait un référendum sur la question de la constitution, on peut lui prédire le même sort que tous ceux qui l’ont tenté récemment : un non franc et massif.