Révolution : la relève

La mort de Fidel Castro, sans être une totale surprise en raison de son âge et de son état de santé qui l’a contraint à céder les rênes du pouvoir à son demi-frère Raul en 2006, n’en constitue pas moins un évènement de première importance. Le « lider maximo » a personnifié la révolution pendant près de 50 ans et sa figure est presque aussi emblématique et populaire que celle de « Che » Guevarra. Son action à la tête de l’état cubain est pour le moins controversée, mais le personnage a incarné l’espoir révolutionnaire pour de nombreux jeunes idéalistes tout autour de la planète.

C’est de cet idéal et de cette utopie, plus que de la réalité de la révolution cubaine, critiquable à bien des égards, dont vont se trouver orphelins les héritiers de Fidel Castro, ceux qui rêvent d’une société enfin plus juste et plus humaine. Fort heureusement, pour les Français, la relève est assurée. Par une coïncidence troublante, la veille du décès du « commandante », parait l’ouvrage d’Emmanuel Macron, intitulé judicieusement et de façon prémonitoire, « Révolution ». Rien de moins. Vous n’êtes pas obligés de le lire. Il vous suffit de regarder son titre et la 4e de couverture où s’étale le portrait avantageux de l’auteur : tout est dit. Il aurait pu se contenter de publier un livre blanc composé exclusivement de pages vides, son programme, c’est lui. Pour ceux qui veulent absolument savoir ce qu’il propose, il suffit de se souvenir des premières moutures de la loi sur le travail, rejetées massivement par les Français, pour s’en faire une idée.

Mais il y a encore plus fort. Une révolution désigne aussi le tour complet effectué par un objet céleste qui le fait revenir à son point de départ. C’est bien à un retour vers le futur que convie François Fillon, dont le programme apparait aux Français dans toute sa splendeur, à l’occasion de son débat avec Alain Juppé. Où l’on découvre que le candidat probable de la droite et du centre veut revenir sur un certain nombre d’acquis sociaux, demander des efforts à tous, sauf à ses amis fortunés, saper les fondements de la sécurité sociale et des régimes de retraite, et saborder les services publics en supprimant 10 % des fonctionnaires, excusez du peu. Si ce n’est pas révolutionnaire, ça, alors Fidel Castro en personne n’était que la marionnette des présidents américains qui se sont succédé sans jamais réussir à le faire assassiner, malgré tous leurs efforts. Et pourtant, il paraitrait, selon un sondage, que les Français, ces ingrats, seraient plus de la moitié (56 %) à désapprouver les propositions du champion de la déconne et de la poilade. Voilà qui promet un été chaud en 2017, si Droopy 1er est élu.