Maman les p’tits bateaux…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 13 novembre 2016 10:16
- Écrit par L'invitée du dimanche
Dans un de ses billets, notre webmaster ne comprenait pas l’engouement du public pour venir assister au départ du Vendée globe. N’étant pas fan des rassemblements sportifs, je partage son questionnement. Qu’est-ce qui pousse 300 000 personnes à réserver un an à l’avance un hôtel, à se lever à cinq heures du matin pour se garder une place afin « d’essayer » de voir partir 29 voiliers ? Sûrement la même motivation qui déplace un vaste public le long des itinéraires du tour de France. Celui-là aussi se donne du mal, pour un court instant de plaisir : admirer un peloton multicolore défiler à la vitesse d’un météore.
Je n’ai pas trouvé beaucoup de réponses, sinon les très classiques motivations de vivre par procuration une expérience, un exploit impossible à atteindre soi-même, plus un moment de liesse collective, avec la sensation d’appartenir à une communauté, de partager des émotions, de s’évader un moment du contingent du quotidien, un moyen de s’identifier à ces grands sportifs dont on admire les performances.
L’admiration est sûrement un des sentiments qui dominent, ce sentiment est-il justifié ?
Dans les exploits sportifs, on a affaire à des êtres humains qui se lancent des défis, parfois, ou même presque toujours, un peu fous. Quelles sont leurs motivations ? Qu’est-ce qui leur fait supporter les souffrances physiques et mentales que supposent la préparation puis l’exécution de l’exploit ? On a du mal à comprendre, citoyen ordinaire, ce besoin de se défier soi-même, de se dépasser, en même temps que de dépasser les autres en réalisant un acte que personne d’autre n’a fait avant eux.
Quand on les interroge, ces vainqueurs disent tous qu’ils ont réalisé un rêve, et que pour cela ils ont dépassé leurs peurs, leurs doutes, leurs angoisses, que l’exploit était nécessaire pour donner un sens à leur vie, que flirter avec ses limites donne des sensations uniques au point de devenir « addicts » de l’exploit. La preuve c’est que souvent un exploit en appelle un autre, pas forcément dans la même discipline, toujours à la recherche de l’extrême de leurs possibilités.
Qu’ils traversent le grand canyon sur un fil, ou la Manche, sans bras, sans jambes, ou l’Atlantique à la rame… tous ces acteurs-là forcent l’admiration du pékin ordinaire qui n’osera jamais se lancer dans de telles aventures et qui se déplace pour vibrer, voire communier avec son héros !
La médiatisation de tous ces événements encourage sûrement leurs démarches, l’aspect narcissique et le besoin de se retrouver sous le regard des autres n’étant pas exclu, comme elle encourage la récupération économique voire politique (l’équipe de France championne du monde fait remonter la popularité d’un président) de cet engouement du public à suivre ces événements sportifs, au point d’oublier les violences, les travers, le dopage, les mensonges…. Je retiens cependant l’idée qu’ils servent d’exemple, qu’ils suscitent des vocations, ce que montrent les statistiques des fédérations sportives dont le nombre d’adhérents augmente à la suite de réussites exceptionnelles dans leur discipline, et je souhaite à tous ces héros ou héroïnes de revenir souvent, comme dans la chanson, « embrasser leur maman ? »
L’invitée du dimanche