Couleurs primaires
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 5 novembre 2016 10:57
- Écrit par Claude Séné
Je n’ai pas regardé le 2e débat entre les candidats de la primaire de la droite et du centre, pas plus que je n’avais suivi le premier. Les comptes-rendus de la presse me suffisent largement sans être obligé de m’imposer le pensum d’écouter in extenso les variations des ténors et de la soprano sur le thème du libéralisme triomphant. Nous allons vraisemblablement en prendre pour 5 ans minimum et cela suffit largement à mon malheur. J’imagine cependant que les équipes des candidats putatifs ou déclarés à gauche ont dû suivre attentivement les déclarations des uns et des autres.
Et j’espère qu’ils ont pris des notes, pour pouvoir les ressortir le moment venu. On n’est jamais si bien haï que par ses amis, pourrait être la leçon à tirer de cette confrontation. Sur les programmes, les candidats ont tous copié sur Fillon, qui a dégainé le premier en sortant un énième bouquin pour expliquer tout ce qu’il aurait dû faire quand il était au pouvoir. À partir de là, chaque candidat a mesuré de combien de pincées on pouvait varier dans le libéralisme et la mondialisation. Là où ils sont tous d’accord, c’est sur la fonction publique. Quand Claude Allègre se contentait modestement de vouloir « dégraisser le mammouth », ils rivalisent d’imagination pour savoir comment le dépecer. À ce jeu-là, la plus forte est sans conteste Nathalie Kosciusco-Morizet, qui souhaite abolir purement et simplement le statut de fonctionnaire. Ben voilà. Comme ça, on n’en parle plus. On se rapproche un peu plus du programme des cousins républicains américains, pour qui l’idéal serait que l’état n’intervienne pas ou peu dans les affaires des entreprises, ne prélève pas d’impôts et laisse les citoyens se débrouiller, sans s’occuper des plus pauvres et des plus faibles.
Là où le bât blesse, c’est que la politique de réduction des fonctionnaires menée sous Sarkozy et Fillon en ne remplaçant pas la moitié des fonctionnaires partant à la retraite a clairement montré ses limites, entraînant la catastrophe dans les effectifs de police par exemple dont nous payons en ce moment les conséquences. Le même constat se répétera dans les différents domaines régaliens, que ce soit la santé, l’éducation ou la justice. Le manque de moyens amènera au ras le bol des personnels et au bout du compte à l’insatisfaction du public, qui finira par prendre conscience des effets négatifs sur les services censés lui être rendus. À force de tirer sur la ficelle, la cruche risque de déborder dans la poudrière.