Le sursaut français
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 26 octobre 2016 10:17
- Écrit par Claude Séné
C’est le titre du livre dédié à l’autopromotion du candidat Copé à la primaire de la droite et du centre. Et le fait est que les Français qui ont suivi sa prestation au micro d’Europe 1 au cours de la matinale lundi dernier, ont dû sursauter, du moins ceux qui étaient suffisamment réveillés. Il y avait en effet de quoi se pincer en entendant sa réponse à la question d’un auditeur concernant le prix d’un pain au chocolat. Selon Jean-François Copé, qui admet ne pas en acheter fréquemment, le pain au chocolat coûterait de 10 à 15 centimes d’euro.
Tollé chez les internautes et concert de moqueries devant cette sous-évaluation qui démontre que le candidat Copé ne doit pas faire souvent les courses. À moins qu’il ne connaisse une boutique particulièrement avantageuse qui vend les viennoiseries au dixième de leur valeur et dans ce cas il aurait dû en faire profiter ses concitoyens qui tirent le diable par la queue plus souvent qu’à leur tour et dont les fins de mois durent 30 jours à l’exception du mois de février. Ou alors, profitant de l’ignorance de l’ancien ministre, il s’agit d’une forme de prébende ou de prévarication par laquelle le boulanger peu scrupuleux récompenserait la publicité que le candidat avait faite à cette pâtisserie en son temps, un peu comme les policiers qui ne payent jamais leurs consommations dans les films américains. Une espèce d’avantage en nature quoi. Parce qu’il faut rappeler que cette question n’est pas arrivée par hasard. Elle provient d’une anecdote totalement bidonnée par l’intéressé qui avait raconté en 2012 avoir vu un jeune privé de son pain au chocolat par des intégristes pratiquant le ramadan.
Curieusement, les seuls à ne pas avoir accablé Jean-François Copé sont deux de ses concurrents directs à la primaire. François Fillon, avec qui il s’est pourtant écharpé pour prendre la tête de l’UMP, a considéré que l’on n’aurait pas demandé au général de Gaulle de faire lui-même ses courses. Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet, elle a montré beaucoup d’indulgence, peut-être parce qu’elle s’était fait piéger elle-même sur le prix du ticket de métro quand elle faisait campagne pour être maire de Paris. Ne pas connaître le prix des choses est pourtant plus important qu’il n’y parait. D’une part, cela accrédite la thèse que les politiques ne vivent pas dans le monde qu’ils sont chargés d’administrer, qu’ils sont détachés de toutes les contingences matérielles et n’ont pas la moindre idée des difficultés de leurs contemporains. D’autre part, cela démontre que les décisions qui viennent d’en haut ne s’appuient sur aucun vécu concret et cela jette un doute sur la connaissance réelle des dossiers dont les politiques ont la charge. Et c’est quand même gênant.