Quelle santé !

La question de la bonne ou mauvaise santé des candidats s’est invitée dans la campagne américaine à l’occasion du malaise dont a été victime Hillary Clinton après les commémorations du 11 septembre à New York. D’un seul coup, toute l’attention s’est focalisée sur la pneumonie atypique de la candidate démocrate, symptôme probable d’un surmenage provoqué par une campagne intensive, aggravé par l’incapacité à reconnaitre ses propres limites physiques de la part d’Hillary Clinton. Aux États-Unis comme ailleurs il existe un mythe qui voudrait que les politiques soient des personnes hors du commun qui ne seraient pas soumises aux contraintes physiques qui touchent le commun des mortels.

Il n’en est évidemment rien, comme le démontrent abondamment les exemples tirés de son histoire récente, que ce soit le président Roosevelt à Yalta, considérablement diminué pour négocier le partage du monde avec Staline et Churchill, ou le président Kennedy qui souffrait énormément du dos et devait porter un corset en permanence, sans parler de ses multiples problèmes de santé. Nous serions évidemment assez mal placés pour donner des leçons aux Américains après avoir élu le président Pompidou qui mourra en poste après avoir caché son état de santé aux Français, et François Mitterrand qui passera la plus grande partie de ses mandats présidentiels en étant atteint par le cancer qui finira par l’emporter peu de temps après. L’état de santé des dirigeants a d’ailleurs fait l’objet d’un ouvrage assez lu à son époque qui s’intitulait : « ces malades qui nous gouvernent ».

Le camp démocrate a d’ailleurs essayé de retourner l’argument contre sa candidate en mettant en cause la santé mentale de son adversaire, dont les positions sont parfois incompréhensibles. Si la santé physique des dirigeants est en effet une question importante, leur équilibre psychologique n’en est pas moins crucial. Cependant, Donald Trump parait surtout dangereux par ses lubies populistes et imprévisibles, qui devraient le disqualifier auprès de l’opinion et qui trouvent malheureusement un écho relativement conséquent chez un public indulgent qui confond franc-parler et authenticité. Une situation qui n’est pas sans rappeler la popularité de Marine Le Pen dans un électorat français qui n’a rien à gagner à suivre ses propositions. Une nuance de taille cependant, et c’est l’existence pour l’instant d’un « plafond de verre » qui bloque le Front national au moment d’accéder à des fonctions nationales. C’est ce qui permet encore de dire selon la formule attribuée à Talleyrand : « quand je me considère, je me désole, quand je me compare, je me console ».